Un projet de loi de l’État de New York visant à retirer le statut d’exonération fiscale aux organisations caritatives aidant les colonies israéliennes et l’armée israélienne devrait stimuler une initiative similaire au Canada.
La semaine dernière, la députée démocrate de gauche Alexandria Ocasio-Cortez a approuvé un projet de loi intitulé « Pas à notre charge ! : Loi mettant fin au financement par New York de la violence des colons israéliens ». Le projet de loi de l’État de New York révoquerait le statut d’organisme de bienfaisance des groupes aidant les colonies israéliennes illégales en Cisjordanie. Présenté l’année dernière, le projet de loi a été récemment amendé pour inclure les organisations caritatives « aidant et encourageant les activités des forces armées israéliennes » qui violent les décisions de la Cour pénale internationale.
Le projet de loi s’appuie sur les travaux de Defund Racism, qui a rassemblé des preuves du rôle des organismes caritatifs américains dans la dépossession des Palestiniens. Dans la même veine, l’année dernière, plus de 30 groupes canadiens ont soutenu le projet de loi « Le colonialisme n’est pas de la charité », qui demande à l’Agence du revenu du Canada de révoquer le statut d’organisme de bienfaisance des groupes qui aident les colonies de Cisjordanie et l’armée israélienne.
La campagne visant à remettre en cause les organisations caritatives axées sur Israël a récemment été renforcée par une pétition parlementaire lancée par le chercheur Miles Howe. Parrainée par la députée du NPD Niki Ashton, la pétition précise :
« Les dons de bienfaisance subventionnés par les contribuables pourraient bien être la plus importante contribution du Canada à la dépossession des Palestiniens. Au cours des cinq dernières années, plus d’un milliard de dollars ont été envoyés par des organismes de bienfaisance canadiens à des bénéficiaires israéliens. Si une partie de cet argent peut être versée à des projets caritatifs, une partie sert à soutenir l’armée israélienne et/ou les colonies israéliennes illégales dans le territoire palestinien occupé, activités qui contreviennent aux règlements de l’Agence du revenu du Canada (ARC) et à la politique publique du Canada. Récemment, des preuves ont été découvertes selon lesquelles des organismes de bienfaisance canadiens ont fourni des reçus fiscaux à des organisations israéliennes soutenant activement ce que la Cour internationale de justice considère comme un génocide « plausible » à Gaza. Un organisme de bienfaisance, enregistré sous le nom de Mizrachi Organization of Canada, a par exemple transféré des fonds à Im Tirtzu, une organisation ouvertement impliquée dans le blocage des camions d’aide à destination de Gaza, ainsi qu’à l’organisation Women In Green, qui mène une campagne visant à « planter un drapeau israélien » à Gaza. et l’ARC a reçu de nombreuses demandes d’enquête sur les activités de Mizrachi Canada et d’autres organismes de bienfaisance qui semblent opérer en violation de la Loi de l’impôt sur le revenu, de la politique officielle canadienne et du droit international.
Déjà signée par 10 000 Canadiens – vingt fois le nombre requis pour être lue au Parlement – la pétition se termine par un appel au ministre du Revenu national : « 1. Enquêter immédiatement sur tous les organismes de bienfaisance canadiens qui financent des activités illégales de colonisation israélienne et/ou les l'armée israélienne ; 2. Révoquer le statut d'organisme de bienfaisance de tous ceux qui ne s'y conforment pas ; et 3. Prendre des mesures concrètes pour empêcher d’autres organisations de s’engager dans de telles activités à l’avenir.
Dans le même ordre d’idées, une plainte détaillée a été déposée la semaine dernière auprès de l’ARC lui demandant d’enquêter sur l’Appel unifié pour Israël du Canada. Il documente les groupes de financement de l’UIA aidant l’armée israélienne et les colonies illégales, ainsi que les finances opaques d’une organisation qui a levé plus de 1,5 milliard de dollars depuis 1991.
La violation flagrante par Israël de l'ordre de la Cour internationale de Justice de « cesser immédiatement » son offensive militaire à Rafah et la demande de mandats d'arrêt de la Cour pénale internationale contre les dirigeants israéliens devraient renforcer la campagne visant à contester les plus de 200 organisations caritatives enregistrées qui acheminent de l'argent vers Israël. Le chef du NPD, Jagmeet Singh, la porte-parole en matière de défense Lindsay Mathyssen et une grande partie du reste du parti qualifient désormais ouvertement les actions d'Israël de « génocide ». Dans ce qui pourrait être le premier député à appeler à des sanctions contre Israël, Don Davies, du NPD, a récemment publié : « Israël bafoue effrontément une ordonnance d'un tribunal devant lequel il a comparu. Il tue sans discernement des civils en quête de refuge. Il s’agit d’une violation flagrante de l’État de droit et d’un crime de guerre. Il est temps que la communauté internationale impose des sanctions à Israël comme elle l’a fait à l’Afrique du Sud. »
Bien que je sois d’accord avec Davies, il ne saisit pas l’ampleur de la complicité du Canada avec la criminalité israélienne, que de nombreux Sud-Africains ont qualifiée de pire que l’apartheid sud-africain (avant l’holocauste israélien à Gaza). En tant qu’allié du Commonwealth, le Canada a conclu un accord de libre-échange avec le régime de l’apartheid pendant un demi-siècle et a entretenu des relations économiques et diplomatiques substantielles avec l’Afrique du Sud de l’apartheid pendant des décennies. Mais il n’y a rien de comparable au transfert de richesse subventionné par l’État que le Canada accorde à Israël depuis plus d’un demi-siècle. Chaque année, les contribuables canadiens doivent verser environ cent millions de dollars de subventions à un pays dont le PIB par habitant est égal à celui du Canada (des dizaines de millions de dollars supplémentaires de fonds publics sont versés à des groupes qui promeuvent des politiques anti-palestiniennes au Canada). Avant d’imposer des sanctions à Israël, mettons un terme à cette subvention unique à un pays qui commet depuis longtemps le crime d’apartheid.
Si l’ARC appliquait correctement ses règles sur les organismes de bienfaisance qui aident les armées étrangères, les organisations racistes et les colonies de Cisjordanie, ainsi que ses règlements sur les groupes qui servent de canal financier à d’autres organisations, des dizaines d’organisations axées sur Israël perdraient leur statut d’organisme de bienfaisance. En plus d’appliquer les règles existantes, il faudrait adopter une loi pour limiter les organismes de bienfaisance qui aident les pays dont le PIB par habitant est égal à celui du Canada.
Dans une lettre récemment envoyée à la ministre du Revenu, Marie-Claude Bibeau, Niki Ashton a exigé que « l’ARC enquête sur les organismes de bienfaisance canadiens qui financent les opérations militaires israéliennes à Gaza et les colonies israéliennes illégales ». La porte-parole du NPD en matière de Revenu a conclu : « Pas un seul cent des impôts canadiens ne devrait servir à financer un génocide. »
Source: https://www.counterpunch.org/2024/05/31/not-one-cent-of-canadian-tax-dollars-should-be-funding-genocide/