Faisant usage d’une tradition séculaire dans les communications gouvernementales, le ministère des Finances du Canada a publié vendredi après-midi sa proposition modifiée de taxe sur les produits de luxe. En dehors de la saison des impôts, bien sûr, la plupart des gens ne visitent pas régulièrement les sites Web du gouvernement. Mais enterrer une publication officielle aux petites heures de la semaine de travail rend encore moins probable que quelqu’un remarque quelque chose de potentiellement controversé ou embarrassant. Dans ce cas, le timing du gouvernement est presque certainement dû à une nouvelle disposition ajoutée à la législation depuis sa rédaction initiale l’année dernière, qui se lit comme suit : le cours d’une entreprise avec une attente raisonnable de profit.

C’est une séquence de mots assez soporifique, même avec plus de contexte. Mais ce que cela semble signifier, c’est que le Parti libéral au pouvoir au Canada envisage de modifier sa proposition de taxe sur les voitures et les avions de luxe neufs afin que les jets privés utilisés dans le cadre des affaires puissent être déduits. Revoyez le langage du budget 2021 des libéraux et le document d’information plus détaillé publié en août, et le mot « profit » n’apparaît pas. Certaines exonérations possibles de la taxe sont mentionnées, mais elles concernent principalement les avions importés pour être utilisés par les hôpitaux, les gouvernements locaux ou les services de police et d’incendie.

En d’autres termes : dans les sept mois environ qui se sont écoulés depuis que le gouvernement a publié sa version précédente de la législation, une exclusion majeure a été ajoutée qui ouvre visiblement la porte à toutes sortes d’évitement par les personnes fortunées. Selon sa publication de vendredi, le projet modifié « reflète[s]et répondre[s] aux commentaires reçus lors des consultations avec les parties prenantes », ce qui signifie très probablement que les propriétaires de jets privés se sont agités pour une exemption.

Ce ne serait pas la première fois que les riches du Canada défendraient avec succès des exceptions obscènes dans la politique fiscale. En rompant sa promesse de combler une échappatoire de 750 millions de dollars en matière d’options d’achat d’actions utilisée presque exclusivement par les PDG et autres dirigeants, l’ancien ministre des Finances Bill Morneau a affirmé qu’il avait reçu des commentaires « de nombreuses petites entreprises et innovateurs » selon lesquels « ils utilisent des options d’achat d’actions ». comme une forme légitime de compensation. Documents publiés par PresseProgrèscependant, a constaté que Morneau (lui-même un ancien cadre riche) avait fait l’objet de pressions agressives de la part des entreprises canadiennes pour maintenir une échappatoire utilisée presque exclusivement par huit mille des personnes les plus riches du pays.

Le régime fiscal du Canada est truffé d’exemptions absurdes comme celle-ci. Ils peuvent être complètement indéfendables en tant qu’extensions de l’intérêt public, bien qu’ils soient également à la hauteur étant donné les déséquilibres de pouvoir inhérents à qui fait pression sur le gouvernement et les ressources dont différents groupes disposent pour le faire. C’est un cas clair de capture d’intérêts particuliers et de biais de classe dans l’élaboration des politiques, mais aussi un rappel de l’un des défauts cardinaux dans la façon dont l’État libéral conçoit la neutralité. Sur le papier du moins, les États libéraux dans une démocratie représentative agissent comme des arbitres neutres de l’intérêt public. Parfois, bien sûr, cela nécessite des compromis politiques ou l’équilibrage de demandes concurrentes. Quoi qu’il en soit, ce qui émerge est censé être autonome des considérations particularistes d’un groupe d’intérêt ou d’un autre.

Même dans le cas de quelque chose de totalement non controversé comme une taxe sur les produits de luxe ou la rémunération des options d’achat d’actions, il devient cependant rapidement évident que de nombreuses politiques sont rarement assemblées de cette façon. Au cours de l’élaboration des politiques, diverses « parties prenantes » font pression, agitent et font pression sur le gouvernement, mais ceux qui ont les moyens de le faire le plus efficacement sont le plus souvent des acteurs privés financés plutôt que des groupes d’intérêt public ou des citoyens concernés. Surtout lorsqu’il s’agit de politiques fiscales ou de dépenses importantes, les premiers ont généralement à leur disposition une armée d’avocats, de lobbyistes et de professionnels des relations publiques – sans parler d’une influence considérable en raison de leur emplacement dans l’économie. Sauf dans quelques cas exceptionnels, il est peu probable que ces derniers soient en mesure de mobiliser quoi que ce soit comme la même portée ou la même pression.

Le résultat, comme cela semble évident ici, est souvent une politique sans adhésion populaire significative et qu’aucune personne sensée non payée pour penser le contraire ne pourrait défendre de manière convaincante.



La source: jacobinmag.com

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