Les Verts australiens ont remporté un succès sans précédent lors des dernières élections fédérales, remportant leur plus grand nombre de sièges parlementaires après avoir présenté une plate-forme de gauche appelant à inclure la santé dentaire et mentale dans l’assurance-maladie, l’effacement de la dette étudiante, 1 million de logements abordables, la gratuité augmentation des frais de garde d’enfants et du soutien du revenu.
Le chef du parti, Adam Bandt, a décrit le résultat comme “un mandat massif d’action sur le climat et les inégalités”. Les résultats définitifs du Sénat l’ont confirmé : le gouvernement travailliste albanais a besoin des votes des Verts pour adopter toute législation à laquelle s’oppose la Coalition libérale-nationale.
Neuf mois après l’élection, qu’en est-il du succès électoral des Verts ? Comment ont-ils utilisé leur mandat pour apporter les changements souhaités par leurs électeurs?
Dès le début, le parti était clair que, comme le reste de la gauche, il voulait se débarrasser du gouvernement libéral de Scott Morrison. Son orientation était de gagner autant de sièges que possible, puis d’exercer une pression progressive sur un nouveau gouvernement travailliste. L’argument se résumait à : si les Verts détiennent l’équilibre du pouvoir, de bonnes choses se produiront. Il appartenait à l’ALP de choisir, selon les termes de Bandt, la voie de « la confrontation ou de la coopération ».
Le problème est que le parti travailliste est hostile à un programme de réformes de gauche. Après tout, c’est le parti qui a supervisé pendant des décennies les attaques massives contre les travailleurs et la privatisation des biens publics. Il est même allé aux élections fédérales en promettant de maintenir les baisses d’impôt du Parti libéral pour les riches.
Rien n’était plus emblématique de l’hostilité des travaillistes à la « coopération » avec les Verts que le tout premier projet de loi présenté au nouveau parlement : le projet de loi sur le climat. Il a non seulement fixé un objectif de réduction des émissions inadéquat de seulement 43 % d’ici 2030, mais n’a fourni aucun mécanisme d’application ni aucun plan concret pour atteindre cet objectif. L’objectif ne tenait même pas compte des exportations de charbon et de gaz de l’Australie, qui ne cessent d’augmenter. Tout l’intérêt du projet de loi, comme l’expliquait Jérôme Small l’an dernier dans Drapeau rougeétait de “continuer à empiler l’argent pendant que la planète brûle”.
Les travaillistes ont jeté le gant. Il était bien conscient que le meilleur moyen de prendre les Verts à contre-pied était de les mettre au défi de « faire du parfait l’ennemi du bien », comme le dit l’expression stupide. Un déluge d’écrivains d’opinion et de têtes parlantes qui remue les doigts, tut tut ont réitéré l’idée que, finalement, nous pourrions voir “la fin des guerres climatiques” si seulement les Verts approuvaient le projet de loi travailliste.
Les Verts ont capitulé. Malgré leurs propres critiques du projet de loi (qu’il équivalait à « apporter un seau d’eau pour incendier une maison »), les députés verts ont voté pour celui-ci avec seulement des amendements mineurs. La législation a agi comme un somnifère pour le mouvement climatique, précisément ce que veut l’ALP pendant qu’elle est au gouvernement.
Confronté à une opposition impopulaire dirigée par Peter Dutton, le parti travailliste a jusqu’à présent obtenu à peu près tout ce qu’il voulait au parlement. Les Verts, quant à eux, avec leur approche parlementaire « coopérative », ont extrait très peu en retour.
En effet, sous l’ALP, avec les Verts aux manières douces à leurs côtés, l’industrie des combustibles fossiles est en plein essor, les salaires réels ont chuté précipitamment et la crise du logement s’est aggravée. Les Verts ne peuvent pas être blâmés pour tout cela, bien sûr. Mais la question doit être posée : comment se passe leur stratégie ?
Loin de saisir l’opportunité de travailler avec les Verts, l’approche travailliste du projet de loi sur le climat a préparé le terrain pour des affrontements ultérieurs. Prenez le projet de loi sur le logement actuellement devant le parlement. Les recherches de la Bibliothèque parlementaire, vues par Gardien le journaliste Paul Karp l’an dernier, estime qu’il manque plus de 500 000 logements HLM et que ce chiffre va monter à près de 700 000 d’ici dix ans. Pourtant, le projet de loi n’ajoutera que 20 000 logements sociaux. Le «plan» du parti travailliste est d’augmenter le nombre de personnes dormant dans des tentes et des campements de sans-abri dans les grandes villes australiennes.
Les Verts ont plaidé à juste titre pour une dépense minimale de 5 milliards de dollars par an dans le logement public. Les travaillistes ont réagi en fustigeant les Verts pour avoir « voté avec Peter Dutton » et en les accusant à nouveau de « faire du parfait l’ennemi du bien ».
La même accusation est portée à l’égard du «mécanisme de sauvegarde» proposé par les travaillistes, une législation qui, tout en prétendant prendre des mesures concrètes pour réduire les émissions, offre aux grandes entreprises des échappatoires faciles pour échapper à toute réduction réelle en achetant des «crédits carbone».
L’année écoulée a montré que le parti travailliste n’est pas intéressé à coopérer pour rendre son programme législatif plus favorable aux travailleurs. Cela crée un dilemme pour les Verts. Leur stratégie de coopération a échoué. Existe-t-il un plan B ?
Leur atout est la capacité de bloquer les mauvaises législations. Mais pour ce faire, ils devraient être prêts à affronter une tempête d’indignation de la part du Parti travailliste et de ses soutiens dans la presse. Ils devraient devenir une véritable opposition.
S’ils continuent sur la voie de la capitulation en cas de coup dur, nombre de leurs partisans pourraient bien se demander : à quoi servent les Verts ?
Source: https://redflag.org.au/article/what-point-greens