Le président Joe Biden arrive à l’aéroport international King Abdulaziz de Djeddah, en Arabie saoudite, le 15 juillet 2022.

Photo : Mandel Ngan/AFP via Getty Images

du président Joe Biden voyage au Moyen-Orient l’emmène dans deux pays dont les gouvernements tuent les journalistes américains.

Lors d’une tournée internationale destinée à améliorer les relations tendues avec deux alliés nominaux, Biden a rencontré Mohammed bin Salman, le prince héritier autoritaire d’Arabie saoudite, et le Premier ministre israélien Yair Lapid.

Bin Salman a été jugé par la CIA pour avoir ordonné le meurtre infâme du chroniqueur du Washington Post Jamal Khashoggi, un résident permanent américain, en 2018 après que le prince soit devenu furieux face aux critiques de Khashoggi. Plus récemment, des soldats israéliens ont tué la journaliste d’Al Jazeera et citoyenne américaine Shireen Abu Akhleh lors d’une fusillade en Cisjordanie qui, selon les journalistes d’investigation, portait les signes d’un assassinat ciblé par les forces israéliennes.

Malgré les preuves que ces gouvernements ont tué ces journalistes, Biden ne lira à personne l’acte d’émeute. Au lieu de cela, le message subtil du voyage de Biden en est un d’impunité et de complot partagé.

Biden a affirmé que son voyage représente un engagement continu à défendre les valeurs et les intérêts américains, mais son administration n’a rien fait pour demander des comptes aux responsables des meurtres de Khashoggi et Abu Akhleh. Le but de ce voyage est plutôt de solidifier les liens d’amitié entre les gouvernements des États-Unis, d’Israël et de l’Arabie saoudite tout en balayant les sujets désagréables comme les journalistes morts sous le tapis.

Rien de tout cela n’est particulièrement surprenant : il serait absurde à ce stade de dire simplement que les États-Unis sont hypocrites en matière de droits de l’homme. La nouvelle dynamique en jeu aujourd’hui est que d’autres pays remarquent ces doubles standards et résistent à un chantage moral évident.

RAMALLAH, Cisjordanie - 15 juillet : des Palestiniens tiennent des banderoles lors d'une manifestation contre le soutien du président américain Joe Biden à Israël à Ramallah, en Cisjordanie, le 15 juillet 2022. Les Palestiniens demandent justice pour la journaliste assassinée Shireen Abu Akleh.  Abu Akleh, 51 ans, journaliste américano-palestinien travaillant pour le réseau Al Jazeera basé à Doha, a été abattu le 11 mai alors qu'il couvrait un raid militaire israélien près du camp de réfugiés de Jénine en Cisjordanie occupée.  (Photo par Issam Rimawi/Agence Anadolu via Getty Images)

Des Palestiniens tiennent des banderoles et des photos de Shireen Abu Akleh lors d’une manifestation contre le soutien du président Joe Biden à Israël à Ramallah, en Cisjordanie, le 15 juillet 2022.

Photo : Issam Rimawi/Agence Anadolu via Getty Images

Modèle d’impunité

En tant que candidat, Biden a reçu des éloges pour avoir juré de faire de l’Arabie saoudite un « paria » pour le crime scandaleux du meurtre d’un journaliste dans une grande publication d’information américaine. Il était peut-être compréhensible qu’une fois au pouvoir, il ait calculé que la relation avec l’Arabie saoudite productrice de pétrole était trop importante pour être sacrifiée pour la vertu.

De la même manière, cependant, cela rend difficile de sermonner des pays comme l’Inde avec un visage impassible pour qu’ils cessent d’acheter du gaz national à la Russie sur les violations des droits de l’homme russes en Ukraine. Dire aux Indiens qu’ils doivent souffrir économiquement par principe d’une manière que les États-Unis eux-mêmes ne subiront pas est tout simplement un non-débutant, et de nombreux responsables indiens l’ont dit.

La réputation morale perçue des États-Unis, qui souffre lorsqu’elle est exposée à l’hypocrisie et à l’indulgence évidentes d’États clients non démocratiques, n’est pas qu’une question de vanité. Le soft power américain est un multiplicateur de force important pour amener d’autres États à se rallier aux causes dirigées par les États-Unis, y compris la guerre en Ukraine. Le fait de ne pas vouloir demander des comptes face aux violations les plus effrontées des principes américains déclarés, jusqu’à et y compris des cas extrêmes comme le meurtre de citoyens et de journalistes américains, rend difficile de convaincre d’autres pays de rejoindre des coalitions de volontaires basées sur arguments moraux.

BETHLEEM, CISJORDANIE - 15 JUILLET : Les forces de sécurité prennent des mesures autour de l'église de la Nativité dans le cadre des préparatifs de la visite du président américain Joe Biden à Bethléem, en Cisjordanie, le 15 juillet 2022. (Photo par Issam Rimawi/Agence Anadolu via Getty Images)

Les forces de sécurité préparent la visite du président américain Joe Biden à Bethléem, en Cisjordanie, le 15 juillet 2022.

Photo : Issam Rimawi/Agence Anadolu via Getty Images

Il y aura plus de crises à l’avenir, et les États-Unis aimeraient rallier une alliance de nations du «monde libre» contre une menace future telle que la Chine. Les dirigeants américains pourraient bien gagner un certain soutien en pointant du doigt des intérêts matériels partagés. À ce stade, cependant, s’il y a d’autres pays qui croient sincèrement que les États-Unis s’opposent par principe aux violations des droits de l’homme, ils se livrent à une auto-illusion volontaire.

La grande force des États-Unis était autrefois qu’ils étaient capables d’influencer l’opinion publique étrangère simplement par le charisme de leur image publique. Un président incompétent, moralement flexible et gâteux qui mendie le soutien des autocrates et des États clients qui administrent l’apartheid est un triste exemple de la façon dont ce charisme s’est estompé.

La source: theintercept.com

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