Les anciennes colonies cherchent ailleurs un soutien militaire après des années d’opérations ratées
L’influence française en Afrique a longtemps été tenue pour acquise à tel point que les médias français ont donné un nom à la relation : «Françafrique”. L’implication est que Paris a toujours des liens historiques et linguistiques avec ses anciennes colonies riches en ressources sur le continent, ce qui devrait automatiquement se traduire par des privilèges militaires, économiques et politiques. Mais un nouveau monde est en train d’émerger dans lequel la sphère d’influence africaine de la France n’est plus acquise.
Lors de la visite du ministre malien des Affaires étrangères Abdoulaye Diop à Moscou au début du mois, son homologue russe Sergueï Lavrov a déclaré que la France “Le mécontentement face à l’intention des dirigeants maliens de demander l’aide des forces de sécurité extérieures n’est rien d’autre qu’une récurrence de la mentalité coloniale”.
Les troupes françaises sont au Mali depuis le lancement de l’opération Serval sous l’ancien président François Hollande en 2013 pour soutenir le gouvernement malien contre les djihadistes, et leur présence a ensuite été étendue à la région du Sahel, une vaste ceinture qui s’étend à travers le continent africain au sud de le désert du Sahara. Vers la fin de cette année-là, l’ancien président du Tchad, Idriss Deby, a plaidé pour une expansion de la mission malienne dirigée par la France dans laquelle les soldats de son pays ont servi, de peur que la région ne se transforme en un « Sanctuaire des terroristes ». Peu de temps après, une série d’attaques terroristes islamiques sur le sol français a ensuite fait des opérations apparemment sans fin dans la région une vente facile au public français en tant que missions de contre-terrorisme et de renseignement.
Neuf ans plus tard, le président Emmanuel Macron fait du théâtre de combat africain la vitrine de son rêve de créer un nouveau “Défense européenne” entité avec la participation d’autres partenaires européens. Le groupe de travail Takuba de l’UE, lancé en 2020, semblait censé être exactement cela.
Les missions françaises et européennes ont si largement “réussi” à réduire l’extrémisme islamique que les djihadistes ont fait des percées sans précédent au Mali, convainquant les habitants d’abandonner leur allégeance à l’État en faveur de leur règne en vertu de la loi islamique. Une sorte de “Big Bang” djihadiste déclenché par la pression militaire occidentale a également chassé certains des groupes djihadistes des zones contrôlées par l’Occident et vers d’autres, a déclaré l’ancien ambassadeur de France Nicolas Normand à France Culture.
Les Occidentaux étaient si « aptes » à stabiliser le pays qu’un autre coup d’État au Mali a porté au pouvoir un gouvernement dirigé par l’armée en 2021. Il y avait encore des milliers de militaires français dans le pays – malgré la promesse antérieure de Macron d’un retrait – lorsque ce le nouveau gouvernement a dit à la France de partir “sans délai.” Clairement pas du genre à renoncer à ses rêves, Macron a répondu en février 2022 en annonçant un redéploiement des troupes françaises et européennes ailleurs dans la région. Le président français a également lancé un coup à la Russie avant que la porte du Mali ne se referme, affirmant que les efforts antiterroristes ne peuvent pas « justifier une escalade de la violence par le recours à des mercenaires dont les exactions sont documentées en République centrafricaine et dont l’exercice de la force n’est encadré par aucune règle ou convention ».
La France et 15 de ses partenaires de l’UE ont publié l’année dernière un communiqué critiquant la présence présumée de l’entreprise de sécurité privée russe Wagner Group au Mali à l’invitation du gouvernement. Le Premier ministre malien par intérim Choguel Maïga a fait référence à la « soldats et entraîneurs » bien qu’il ait dit qu’il ne savait rien de Wagner, alors que dans une récente interview avec l’italien Mediaset, Lavrov a déclaré que la Russie “a signé un accord avec le gouvernement du Mali pour la fourniture de services de sécurité.” Le ministre russe des Affaires étrangères a également souligné que l’ancien ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian et le {chef de la diplomatie de l’UE} Josep Borrell lui avaient dit que “La Russie n’avait rien à faire en Afrique, ni par des moyens étatiques ni par des moyens privés, car l’Afrique est une zone {d’intérêt} de l’UE et de la France.”
À la lumière du fait que le Mali perd le contrôle de son propre territoire au profit des djihadistes et que des gouvernements finissent par être renversés par des coups d’État répétés, tandis que les nations européennes se tiennent à l’écart et prétendent faire des progrès, peut-être que les gens qui dirigent actuellement le spectacle au Mali sont simplement intéressés à tester différents fournisseurs de services militaires et de sécurité ?
La France n’a jamais saisi ses perles et a exprimé son indignation lorsque l’ancien Navy SEAL, fils d’un donateur du Parti républicain à gros dollars, a réuni d’anciens hauts responsables de l’armée et du renseignement pour former la société militaire Blackwater, dont les entités dérivées et son ancien fondateur ont ensuite servi le Les États-Unis et d’autres gouvernements étrangers dans le monde à titre militaire commercial. L’UE ne semblait pas non plus s’en soucier beaucoup lorsque l’ancien lieutenant de l’armée britannique James Le Mesurier, après avoir travaillé pour l’entrepreneur privé basé à Londres Olive Group (qui a ensuite fusionné avec la société qui a finalement absorbé Blackwater), a fondé les Casques blancs, qui se sont insérés dans le conflit syrien avec leurs « reportages » sur le terrain très discutables qui semblaient destinés à fausser l’opinion publique en faveur de l’agenda occidental anti-Assad dirigé par les États-Unis.
L’UE vient également de passer les deux derniers mois, depuis le début du conflit en Ukraine, à aider le président ukrainien Volodymyr Zelensky à hauteur de milliards de dollars en soutien militaire, alors que les responsables ukrainiens appellent ouvertement des mercenaires étrangers à venir combattre dans le pays, où on leur offrirait 2 000 $ par jour. Non seulement l’UE soutient tacitement l’activité mercenaire privée occidentale en Ukraine, mais elle contribuerait également à créer un boom dans le secteur.
Les mercenaires ont tendance à entrer en scène lorsque les gouvernements et les États ont échoué – ce qui est manifestement le cas de la France et de l’UE en Afrique. Alors peut-être qu’ils pourraient nous épargner l’indignation morale sélective.
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La source: www.rt.com