Pendant des années, la classe ouvrière de Türkiye a été prise dans l’étau d’un ralentissement économique mondial et d’un gouvernement hostile à ses intérêts. Maintenant, avec les élections présidentielles du 14 mai, les spéculations vont bon train sur le fait que le président Recep Tayyip Erdoğan pourrait être renversé. Le 1er mai, des milliers de travailleurs se sont mobilisés à Istanbul, se limitant à la périphérie de la ville après la fermeture de sites plus centraux en prévision de manifestations. TRNN rapporte d’Istanbul, s’adressant directement aux organisateurs syndicaux, aux membres du Parlement, etc. sur la condition de la classe ouvrière turque et les perspectives qu’offrent les élections à venir.

Cette histoire, avec le soutien du Fondation Berthefait partie de The Real News Network Travailleurs du monde série, racontant les histoires de travailleurs du monde entier construisant un pouvoir collectif et redéfinissant l’avenir du travail selon leurs propres termes.

Producteur : Daniel Thorpe
Vidéastes : Murat Bay et Daniel Thorpe
Monteurs vidéo : Daniel Thorpe, Leo Erhardt et Murat Bay


Transcription

Manifestants: Vive le Premier Mai !

Daniel Thorpe (narrateur): A Istanbul, malgré l’interdiction par les autorités de manifester sur la place Taksim, les travailleurs et les militants ont refusé de garder le silence le 1er mai. La police a répondu avec force, arrêtant 184 personnes qui tentaient d’atteindre la place.

Manifestants: Laissons nos camarades tranquilles !
Nous allons à la place Taksim.
Vive le Premier Mai !
Nous n’abandonnons pas la place Taksim.
Les dictateurs tomberont.
Vos palais seront démolis.
Le peuple triomphera.

Police: Venir!
Sors d’ici!
Aller!

Daniel Thorpe (narrateur): Mais l’esprit de protestation n’a pas pu être étouffé. Des dizaines de milliers de personnes se sont rassemblées dans la périphérie d’Istanbul, organisées par leurs syndicats de travailleurs et leurs partis politiques. Leur message était clair : ils en ont marre de la dégradation des conditions de travail, de la crise du coût de la vie, et ils veulent du changement.

Manifestants: la place Taksim est partout,
la révolte est partout !
Vive le Premier Mai !
Femmes, vie, liberté !

Tuana Oguz, étudiante universitaire: Avec cette crise économique et du coût de la vie, la vie est vraiment difficile en tant qu’étudiante universitaire. C’est pourquoi je suis ici le 1er mai, pour défendre mes droits et mes revendications.

Manifestants: Vous ne marcherez jamais seul !

Mehmet Kervanci, chômeur : Je suis venu ici aujourd’hui pour montrer notre force en tant qu’étudiants et travailleurs organisés. Pour montrer que nous sommes une force contre ce système.

İbrahim Ercan, ouvrier métallurgiste: Cet ordre capitaliste appauvrit tout le monde. Nos salaires disparaissent avec l’inflation.

Hassan Karakazan, Retraité – Travailleurs révolutionnairessyndicat: Nous sommes écrasés par les conditions économiques. Surtout les retraités.

Mehmet Kervanci, chômeur: Le coût du logement et de la nourriture est vraiment élevé. La vie est difficile en Turquie si vous êtes étudiant ou chômeur.

Manifestants: Soit tous ensemble, soit aucun de nous !

Musa Piroğlu, député – Peuples démocratesFaire la fête: Ce pays est devenu l’enfer sur terre pour les travailleurs. Nous avons le taux d’homicides sur le lieu de travail le plus élevé au monde et le deuxième en Europe. Les conditions de travail proches de l’esclavage se sont normalisées. La plupart de nos gens… Un instant, laissez-moi voir ce qui se passe là-bas. Je vais regarder puis je reviens.

Manifestant: Comment peut-on arrêter des gens le 1er mai ? Nous ne sommes ni des terroristes ni des meurtriers.

Musa Piroğlu, député – Peuples démocratesFaire la fête: Vous nous bloquez le 1er mai. Vous essayez d’empêcher les gens de se joindre. C’est un signe que vous avez terminé !

Manifestant: Pourquoi attaquez-vous les gens sans raison ?

Musa Piroğlu, député – Peuples démocratesFaire la fête: Ils bloquent mon chemin en tant que député. Dispersez-vous enfin ! C’est tout ce qu’il faut. Vous avez vu ce qui vient de se passer. Ce pays est devenu un État policier. Les gens ont du mal à respirer sous toutes les formes de brutalité policière. Ce 1er mai est aussi une bouffée d’air. Nous sommes arrivés à la fin de cela. Les élections approchent, mais il ne s’agit pas seulement d’élections. Les gens sont de plus en plus en colère. Le gouvernement est prêt à tout mais comme vous l’avez vu cette colère est prête à tout écraser.

Manifestants: Pour la justice!
Pour la démocratie !
Pour la paix!
Pour la lutte !
Nous donnons notre parole !

Hassan Karakazan, Retraité – Travailleurs révolutionnairessyndicat: Ils disent que notre syndicat n’est pas légal. Ils le ferment constamment. Une société sans union ni organisation est condamnée à périr, à être enchaînée.

İbrahim Ercan, ouvrier métallurgiste: Nos droits ne nous ont jamais été donnés. Nous nous sommes battus pour eux. Sans les syndicats, nous vivrons sous un ordre capitaliste qui fait ce qu’il veut.

Daniel Thorpe (narrateur): Alors que la Turquie se prépare pour les prochaines élections du 14 mai 2023, le président Erdogan fait face à sa bataille électorale la plus difficile à ce jour. Après 21 ans au pouvoir, les sondages suggèrent qu’il n’a pas le soutien de la majorité de l’électorat, avec de nombreux électeurs déçus par son leadership.

Züleyha Gülüm, députée – Peuples démocratesFaire la fête: Il y a une élection importante qui approche [14 May]. Cette élection portera sur la liberté, la justice et le travail contre l’oppression. Pendant longtemps, la Turquie a été gouvernée par un dirigeant antidémocratique.

İbrahim Ercan, ouvrier métallurgiste: Si nous continuons sous ce gouvernement, tout ne fera qu’empirer.

Kaan Taktak, lycéen: Je n’ai rien de bon à dire sur cette personne [President Erdoğan]. Il a détruit ma jeunesse et a pris chaque centime que j’avais. J’espère que cette élection ne sera pas une autre déception et cette fois nous le renversons de son trône.

Daniel Thorpe (narrateur): Les manifestations du 1er mai à Istanbul ont été le reflet de ce mécontentement. Des travailleurs et des militants de tous horizons se sont réunis pour exiger de meilleures conditions de travail, une plus grande stabilité économique et la fin du long règne d’Erdogan. Malgré la répression policière, leurs voix ont été entendues haut et fort.


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