“Donnez-moi vos fatigués, vos pauvres, vos masses entassées qui aspirent à respirer librement”. Dans son sonnet de 1883 “The New Colossus”, la poétesse et militante judéo-américaine Emma Lazarus a imaginé la Statue de la Liberté nouvellement construite prononçant ces mots, symbolisant l’espoir pour les réfugiés “tempest-tost” en quête de sécurité et d’une vie meilleure. Gravé sur une plaque de bronze, son poème orne le piédestal sur lequel « Lady Liberty » se dresse encore aujourd’hui.

Un demi-siècle plus tard, des centaines de réfugiés juifs à bord du MS Saint Louis ne s’est pas suffisamment approché de la statue emblématique pour lire ces lignes célèbres et répétées. Le président américain Franklin Roosevelt a ignoré leurs demandes d’asile. C’était en 1939 et l’Holocauste nazi était sur le point de commencer.

Après s’être vu refuser l’entrée au «pays des libres» (ainsi qu’à Cuba et au Canada), les personnes à bord ont été renvoyées dans l’Europe qu’elles avaient désespérément fuie. Plus de 200 des 900 qui sont partis de Hambourg sur le Saint Louis ont péri dans les camps de la mort d’Hitler, tout cela parce qu’ils n’avaient pas les bons papiers.

C’est une histoire parmi tant d’autres racontées dans le dernier documentaire de Ken Burns, Les États-Unis et l’Holocaustequi explore la réponse – en fait, les réponses contradictoires – en Amérique à la persécution nazie des Juifs, de la montée au pouvoir d’Hitler en 1933 aux camps de la mort de la Seconde Guerre mondiale.

La persécution des Juifs allemands n’était pas un secret aux États-Unis ; en effet, les politiques antisémites des nazis, et l’idéologie raciste avec laquelle ils les justifiaient, ont été inspirées par les politiques de ségrégation anti-noires dans les États du sud. Les nazis se sont également inspirés de l’antisémitisme d’Henry Ford, l’un des hommes les plus riches et les plus puissants d’Amérique à l’époque, dont la série de pamphlets sectaires Le juif international a été traduit et publié en Allemagne dans les années 1920.

Le mouvement eugéniste, qui visait à « améliorer » la génétique de la population humaine en éliminant les gènes « inférieurs », était très influent dans l’Amérique du début du XXe siècle. Ses idées ont été enseignées dans des universités d’élite et adoptées par des membres de la haute société tels que Madison Grant, un écologiste et raciste de premier plan, qui pourrait bien avoir été le premier éco-fasciste du monde.

Extraits du travail de Grant Le passage de la grande race ont ensuite été utilisés par les avocats de la défense lors des procès de Nuremberg, qui ont eu lieu après la guerre pour accuser les nazis et d’autres de crimes contre l’humanité. La défense a souligné que l’idéologie raciste était loin d’être propre à l’Allemagne nazie. Hitler l’appelait sa Bible.

Le documentaire de Burns n’est pas sans moments inspirants. Les histoires de résistance aux atrocités nazies incluent des marches rassemblant jusqu’à un million de personnes à travers l’Amérique en solidarité avec les Juifs d’Allemagne et une campagne de boycott des Jeux Olympiques de Berlin en 1936. Mais les émotions qu’il suscite en majorité sont la colère et la frustration, car la réponse officielle des États-Unis à l’aggravation des crimes nazis allait de l’indifférence froide et bureaucratique au racisme méprisable et pur et simple.

Nous ne saurons jamais combien de vies auraient pu être sauvées si les gouvernements avaient été disposés à ouvrir leurs frontières à tous ceux qui cherchaient à se protéger d’Hitler, car il n’y en avait pas. Le gouvernement australien n’était pas meilleur que son homologue américain, sa politique d’Australie blanche toujours fermement en place.

Les États-Unis et l’Holocauste est un documentaire déchirant mais important plein de leçons pour les combattants d’aujourd’hui contre l’oppression. La première est que le racisme n’est pas un sous-produit d’une mauvaise éducation, mais une création consciente des personnes qui gouvernent un système qui a l’inégalité en son cœur.

Source: https://redflag.org.au/article/new-documentary-highlights-us-indifference-holocaust

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