Le service de renseignement intérieur ne va pas seulement changer de nom. Il passe directement sous la tutelle du ministre de l’Intérieur.
Renforcement humain et financier, changement de nom, augmentation du budget (40 à 60 millions d’euros supplémentaire). Comme l’a relevé Le Monde, la réforme de la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI), présentée par le ministre Manuel Valls le 17 juin dernier à la place Beauvau n’a rien d’une rupture. Même la modification de l’appellation du service, appelé à devenir la Direction Générale de la Sécurité Intérieure (DGSI) rappelle les premiers temps de ce «FBI à la Française» voulu par Nicolas Sarkozy, créé en 2008 et confié à Bernard Squarcini. Si ce service de lutte contre le terrorisme, né de la fusion des RG et de la DST, n’a pas été appelé DGSI c’est parce que Michèle Alliot-Marie, alors première flic de France, s’y était opposée. « Elle avait retoqué le terme en avançant que le mot “renseignement“ parlait plus et rassurait les services étrangers» se rappelle un ancien de la maison.
Malmené après l’affaire Mérah, soupçonné d’avoir service de police politique à Nicolas Sarkozy, cible d’un rapport parlementaire pointant ses défaillances – notamment le manque de coordination entre la centrale et ses différentes antennes régionales (les DZRI) – le service ne connaîtra pas de grande purge. Ni même de grande réforme. Plutôt un lifting. Et Manuel Valls, longtemps qualifié de Sarko de gauche, que ce soit pour son ambition ou son discours sécuritaire, de caler ses pas dans ceux de son prédecesseur. Voire de le dépasser.
Mais la DCRI, en devenant DGSI, ne change pas seulement de nom. Son statut évolue également. Jusqu’alors service central dépendant de la direction générale de la police nationale, elle sera désormais directement rattachée au ministre. Une promotion qui n’est pas sans conséquences, que ce soit pour le service ou la Place Beauvau dont le titulaire se rêve à Matignon et à l’Elysée. «On a un chef qui veut devenir un super chef. Il veut la main totale et directe sur les services de renseignements. Même Sarko n’avait pas osé l’afficher ainsi, décrypte un homme de l’Intérieur. C’est un choix… et un risque. En changeant le service de statut, Valls se grille le fusible de la DGPN en cas de pépin.» Et continue d’alimenter la grande lignée de ministres de l’Intérieur gourmands de renseignements…