La fiancée du journaliste assassiné et des groupes de défense des droits ont prévenu qu’on ne pouvait pas s’attendre à ce que Riyad tienne un procès équitable

La Turquie est sur le point d’approuver le transfert du procès pour meurtre de Jamal Khashoggi à l’Arabie saoudite, a révélé son ministre de la Justice, Bekir Bozdag. L’annonce intervient malgré les affirmations de la fiancée du journaliste assassiné et de plusieurs organisations de défense des droits humains selon lesquelles les dirigeants saoudiens étaient à l’origine de la mort de Khashoggi, et on ne peut pas s’attendre à ce qu’ils tiennent un procès équitable.

S’adressant aux journalistes vendredi, Bozdag a déclaré que son ministère “y enverra un avis favorable concernant le transfert de l’affaire,» ajoutant que les autorités saoudiennes avaient officiellement demandé le déménagement. Le ministre turc a également précisé que si un tribunal saoudien acquittait les accusés, l’affaire pourrait reprendre en Turquie.

L’annonce de Bozdag est intervenue après qu’un procureur turc a demandé jeudi que le procès de 26 suspects saoudiens, dont aucun ne se trouve en Turquie, soit interrompu et transféré en Arabie saoudite. Le responsable a expliqué que les mandats d’arrêt contre les accusés ne pouvaient pas être exécutés et que leurs déclarations ne pouvaient de toute façon pas être prises, laissant le procès dans les limbes.

Le tribunal turc saisi de l’affaire a demandé l’avis du ministère de la Justice et devrait se prononcer sur le renvoi du procès jeudi prochain.




À peu près au même moment où le procureur s’est prononcé en faveur du transfert du procès en Arabie saoudite, le ministre turc des Affaires étrangères, Mevlut Cavusoglu, a décrit aux journalistes l’état actuel des relations entre Ankara et Riyad comme «stagnation.» Le ministre a cependant noté que «des mesures sont prises pour relancer cela,” avec “béton« action vantée pour le »période à venir.

En février, le président turc Recep Tayyip Erdogan signalait que «le dialogue positif avec l’Arabie saoudite se poursuit,» ajoutant qu’Ankara était «en attendant des progrès par des étapes tangibles dans la période à venir.

La fiancée de Khashoggi, Hatice Cengiz, ainsi qu’un certain nombre de groupes de défense des droits humains, ont condamné la décision du ministre turc de la Justice, affirmant qu’il y avait peu de chances d’avoir un procès équitable en Arabie saoudite.

Erol Onderoglu, le représentant turc de Reporters sans frontières, a prévenu que «envoyer l’affaire à Riyad depuis Istanbul met fin aux espoirs de justice que tout le monde doit à Khashoggi.

Jamal Khashoggi était un éminent journaliste saoudien et critique virulent du gouvernement du pays. Il a déménagé aux États-Unis en juin 2017, trouvant un emploi au Washington Post plusieurs mois plus tard.

Il a été vu vivant pour la dernière fois le 2 octobre 2018 entrant au consulat saoudien à Istanbul, où il avait l’intention d’obtenir des papiers pour épouser sa fiancée turque.

Le corps du journaliste n’a pas été retrouvé à ce jour.

Peu de temps après la disparition de Khashoggi, les autorités turques ont affirmé qu’un commando saoudien, agissant à la demande du prince héritier Mohammed bin Salman, avait tué le journaliste et démembré son corps. Cette version a ensuite été étayée par un rapport de la CIA.

Les dirigeants saoudiens ont insisté sur le fait que cela n’avait rien à voir avec le meurtre, le décrivant comme une opération voyou qui n’avait pas reçu l’approbation du prince.

Huit personnes ont ensuite été jugées et condamnées par un tribunal saoudien en 2019, et cinq hommes passibles de la peine capitale. Cependant, l’année suivante, les condamnations à mort ont été commuées en longues peines de prison. Étant donné qu’aucun des accusés n’a jamais été nommé et que le procès a été entouré de secret, les experts de l’ONU et les groupes de défense des droits de l’homme ont rejeté la procédure judiciaire comme une imposture.

La Turquie a lancé son propre procès en 2020, qui est resté largement symbolique, aucun des 26 accusés n’ayant jamais comparu devant le tribunal.

Les accusations portées à Riyad par le gouvernement turc à l’époque ont tendu les relations entre les deux pays, l’Arabie saoudite imposant effectivement un boycott des produits turcs, réduisant les exportations d’Ankara de 90 %.

La source: www.rt.com

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