Photo: Expéditions OceanGate

Les efforts de sauvetage pour retrouver et secourir les passagers du submersible Titan qui s’étaient aventurés dans l’océan Atlantique pour voir les restes du Titanic se sont, à ce jour, avérés infructueux. Le submersible, opéré par OceanGate Expeditions, est porté disparu depuis dimanche, avec à son bord cinq personnes dont le milliardaire britannique Hamish Harding, le PDG d’OceanGate Stockton Rush, un vétéran de la marine française Paul-Henri Nargeolet et Shahzada Dawood, un homme d’affaires pakistanais accompagné de son fils Suleman.

La Garde côtière américaine (USCG) a été engagée dans une recherche intensive, aux côtés d’équipes britanniques et françaises et d’un navire canadien, ainsi que de nombreux autres navires et aéronefs. La couverture médiatique de cette tragédie a été immense, suscitant l’intérêt de millions de personnes à travers le monde qui ont suivi de près cette terrible saga.

En même temps, il faut se poser la question évidente : pourquoi un effort aussi important et coûteux est-il fait pour sauver cinq personnes qui ont fait une excursion de loisir volontaire alors que des milliers de migrants se noient constamment dans leurs efforts pour échapper aux difficultés, à la pauvreté et à la guerre ? Alors que certains des passagers du Titan ont payé 250 000 dollars pour leur voyage voué à l’échec, les migrants sont souvent sans le sou et fuient vers les pays occidentaux pour trouver du travail. Pourquoi les nations ne travaillent-elles pas ensemble pour les aider et les empêcher de mourir en mer ?

Au milieu de la couverture du submersible disparu, une histoire encore plus tragique se déroule. Le 14 juin, ce que l’on pense être l’un des naufrages les plus meurtriers de réfugiés et de migrants s’est produit au large des côtes grecques, coûtant potentiellement la vie à environ 800 personnes. Les autorités grecques étaient au courant de la présence du navire et les premières indications suggèrent que la réponse des garde-côtes du pays a été lente, malgré de nombreux signes avant-coureurs. Cet incident met en lumière la crise actuelle des réfugiés en Europe et met en évidence l’indifférence avec laquelle de nombreux pays européens traitent les migrants qui cherchent désespérément la sécurité sur leurs côtes. Fait remarquable, ce reportage important a reçu une attention limitée dans les médias, la couverture du submersible manquant éclipsant la tragédie du naufrage et la crise plus large des réfugiés qu’il représente.

Rien que cette semaine, plus de 30 migrants auraient été tués après le naufrage mercredi d’un petit bateau à destination des îles espagnoles des Canaries. Les îles Canaries au large des côtes de l’Afrique de l’Ouest sont devenues la principale destination des migrants essayant d’atteindre l’Espagne, avec un plus petit nombre de migrants essayant de traverser la mer Méditerranée vers le continent espagnol. La route migratoire de l’Atlantique est l’une des plus meurtrières au monde. Les tentatives d’atteindre les côtes des îles Canaries ont fait au moins 559 morts, dont 22 enfants, en 2022, selon les données de l’Organisation internationale pour les migrations de l’ONU.

La mer Méditerranée est également devenue une route périlleuse pour les migrants à la recherche d’une vie meilleure en Europe, avec une perte de vie tragique. Au fil des ans, d’innombrables migrants se sont lancés dans des voyages périlleux, souvent entassés sur des navires surpeuplés et inaptes à la navigation dans leur tentative désespérée d’atteindre les côtes européennes. Le nombre exact de décès est difficile à déterminer en raison de la nature clandestine de ces voyages et des difficultés à enregistrer des données précises. Or, selon des estimations de diverses sources, dont des organisations internationales et des ONG, des dizaines de milliers de migrants ont perdu la vie en Méditerranée.

Selon le HCR, l’agence des Nations Unies pour les réfugiés, bien que le nombre total de migrants qui se lancent dans ce dangereux voyage ait diminué depuis le pic de 2015, le nombre de ceux qui sont tués au cours de cette dangereuse aventure a en fait augmenté.

“[In 2021]quelque 3 231 ont été enregistrés comme morts ou disparus en mer sur les routes de la Méditerranée et de l’Afrique du Nord-Ouest, dont 1 881 en 2020, 1 510 en 2019 et plus de 2 277 pour 2018 », a rapporté le HCR.

Ces décès tragiques soulignent le besoin urgent de solutions globales et humaines pour s’attaquer aux causes sous-jacentes de la migration et offrir des alternatives plus sûres à ceux qui cherchent refuge et un avenir meilleur. Les efforts doivent être concentrés sur la lutte contre les causes profondes de la migration, l’amélioration des opérations de recherche et de sauvetage, la lutte contre les réseaux de traite des êtres humains et l’établissement de voies légales de migration afin de réduire les risques auxquels sont confrontés ceux qui entreprennent ces voyages dangereux.

Bien que chaque vie ait de la valeur, les pays doivent souvent prendre des décisions difficiles. D’un point de vue purement statistique et numérique, il est plus logique d’essayer de sauver une cargaison de personnes de la noyade que d’essayer de trouver cinq personnes dans un minuscule submersible dans une zone deux fois plus grande que l’État américain du Connecticut.

Source: https://www.counterpunch.org/2023/06/23/the-global-hypocrisy-of-rescuing-the-titan/

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