Vannia Gava, sous-secrétaire d’État italienne au ministère de la Transition écologique, s’est entretenue avec Nouvelle Europe dans un entretien exclusif à Rome sur la crise énergétique en Europe, la stratégie italienne de mix énergétique, la place des énergies renouvelables au niveau national et la nouvelle approche du gouvernement Draghi concernant le secteur de l’énergie au niveau de l’UE.

Nouvelle Europe (NE): Madame la sous-secrétaire, l’Italie développe une stratégie énergétique qui inclut à la fois l’énergie nucléaire et le gaz. Quelle est votre vision de l’avenir pour ces deux fronts importants ?

Vannia Gava (VG): Il faut changer le mix énergétique et penser que chaque source d’énergie est importante. Lorsque je parlais précédemment d’une transition écologique qui ne se fait pas en une minute, j’ai souligné que c’est un processus long et que dans le cadre d’une soi-disant énergie de transition, nous avons également besoin d’énergie nucléaire de 4e génération et de gaz. Ce fait a également été reconnu par l’UE. Pour preuve, cette ligne de conduite sera incluse dans le document sur une taxonomie qui sera publié plus tard cette année. Nous n’oublierons pas l’importance des énergies renouvelables.

Le 18 janvier, nous avons lancé la Commission technique PNRR PNIEC dans notre ministère. Il a été créé avec la tâche de mener à bien les procédures d’évaluation environnementale pour une série de projets sous la juridiction de l’État. Au centre de l’activité se trouve la question énergétique, incluant l’ensemble des centrales renouvelables du Plan National de Relance et de Résilience et du Plan Énergie-Climat 2030.

La Commission sera présidée par le ministère de l’Éco-transition et sera composée de 40 experts identifiés au sein des permanents des administrations étatiques et régionales, des établissements universitaires, du Conseil national de la recherche, du Réseau national de protection de l’environnement, du Agence Nationale des Nouvelles Technologies, de l’Energie et du Développement Economique Durable et Institut Supérieur de la Santé.

Cette initiative a été fortement soutenue par notre ministère et a été insérée dans le décret de simplifications car toutes les autorisations et instances bureaucratiques qui faisaient partie du processus d’approbation des projets étaient très lentes. En conséquence, nous avons décidé d’investir dans la constitution de cet organe. Nous devons examiner plus de 200 projets photovoltaïques, ainsi qu’une quarantaine de parcs éoliens. Le processus d’approbation deviendra désormais plus rapide grâce aux règles simplifiées pour les candidats. Comme vous pouvez le voir, nous avons dans notre plan un mix énergétique global. Pour cette raison, nous ne pouvons pas nous concentrer uniquement sur un élément spécifique.

NE: Vous avez souligné que chaque ressource énergétique est importante. Au niveau italien, faut-il éliminer le soja et l’huile de palme ?

VG : Lors de notre récente transposition de la directive Red II, la suppression progressive de l’huile de soja a été retirée du texte. Nous avons toujours de l’huile de palme dans le document, mais il est clair que, pour le moment, l’huile de palme est utile. Il y aura une suppression progressive dans le temps, mais ce ne sera pas la même chose que ce que Bruxelles veut européen parce que nous ne voulons pas endommager le système industriel italien.

NE: Comme vous l’avez dit, le gaz peut encore être un élément important du mix énergétique italien. Prévoyez-vous d’augmenter la production ?

VG : En Italie, on peut doubler la production de gaz. En ce moment, nous produisons 4,5 millions de mètres cubes, même si nous avons besoin en ce moment de 70 millions de mètres cubes, il est clair que chaque nouvelle initiative aide car c’est un gaz moins cher que j’appellerais l’énergie “zéro kilomètre”. Une bonne idée serait de donner le surplus de gaz que nous produisons à des entreprises consommatrices d’énergie en le revendant à des prix avantageux si elles signaient, par exemple, des contrats de 10 ans.

NE: Au niveau de l’UE, qu’en est-il du nucléaire et du gaz ? La France et l’Allemagne semblent avoir des positions différentes à cet égard ?

VG : En ce qui concerne la France, nous partageons son point de vue sur la voie du nucléaire de 4ème génération. Ils voulaient le mettre dans la taxonomie, et nous sommes d’accord là-dessus. Nous ne voulons pas fermer notre accès à l’innovation, mais surtout à la recherche et à l’investissement dans de nouveaux projets. Il est clair qu’au niveau européen, il y a encore un manque d’incitations dédiées dans le texte de l’UE pour les entreprises italiennes qui ont déjà beaucoup investi dans la phase de durabilité et celles qui ont investi dans le gaz. Le texte devra être amélioré, mais la discussion est ouverte au niveau de l’UE et nous partageons nos avis dans une atmosphère plus constructive. Concernant l’Allemagne, les Verts sont désormais des acteurs majeurs du gouvernement. Cela dit, les slogans et positions de la campagne électorale sont différents de gouverner. C’est le moment où ils doivent mettre en place une stratégie pour protéger l’environnement, mais aussi pour aider les entreprises locales et le cycle de production de l’économie. L’Allemagne avait, dès le début, une vision négative (du nucléaire), mais elle semble avoir changé d’avis.

NE: Êtes-vous satisfait des relations de l’Italie avec l’Union européenne et les autres membres du bloc ?

VG : Je suis très heureux de notre approche vis-à-vis de l’Europe. Il doit fondamentalement changer. Si on regarde les gouvernements précédents, l’exécutif est allé à Bruxelles en tapant du poing sur la table mais aussi pour dire qu’il faut travailler en équipe sur l’environnement. Nous avons des objectifs ambitieux et sans aucun doute, nous devons être cohérents à cet égard, mais le moment doit être propice. L’approche doit être différente et doit sauvegarder les intérêts italiens.

La source: www.neweurope.eu

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