RÉSUMÉ

Dès les premiers jours de sa campagne présidentielle, Joe Biden a fait de la restauration et de la défense de la démocratie une pièce maîtresse de sa stratégie de politique étrangère. Dès le début, il y a eu un débat sur les contours de cette stratégie et les efforts – de ses conseillers, des voix extérieures et des alliés – pour interpréter la vision de Biden dans des directions opposées. Certains ont cherché à dépeindre cela comme une refonte de la promotion de la démocratie dans la politique étrangère américaine ; d’autres pour l’orienter vers la restauration de la démocratie américaine ; et d’autres encore, pour l’utiliser comme point de départ pour rallier des alliés et des partenaires contre le poids croissant de la Chine. La propre rhétorique de Biden laisse place à toutes ces interprétations.

Chaque version de cette stratégie rencontre des difficultés. Le débat interne a parfois laissé les alliés et autres perplexes quant à l’intention du président. Les conditions du monde réel — la variabilité des conditions internes des démocraties et de leurs relations avec la Chine (et, de plus en plus, leur confiance dans les États-Unis) — limitent l’espace pour les versions les plus expansives de cet agenda : un véritable ralliement de la liberté monde contre les pouvoirs autoritaires. Et même des alliés démocrates proches se sont méfiés d’un effort trop public de mobilisation autour de la démocratie en soi, soit par hésitation à diffuser leur propre linge sale, soit à partir d’un argument selon lequel une approche de style «club des démocraties» face au défi de la Chine risque d’exacerber les tensions et de limiter les coalitions.

Trois axes d’effort ciblés semblent les plus susceptibles de récolter les fruits de la politique :

  • Continuer à animer des coalitions de démocraties puissantes dans le but de limiter la puissance et l’ambition croissantes de la Chine, en particulier en Asie, en s’appuyant sur les premiers succès autour du Forum quadrilatéral sur la sécurité et de l’accord sur les sous-marins Australie-Royaume-Uni-États-Unis (AUKUS) ;
  • Un effort pour mobiliser un ensemble plus large (mais pas expansif) de démocraties autour de la question de l’ingérence politique par des acteurs autoritaires et de son lien avec la technologie ;
  • Un effort – jusqu’à présent seulement latent dans les plans de l’administration Biden – pour mobiliser les démocraties de puissance moyenne autour de la défense des principales institutions multilatérales et des valeurs qui y sont contenues.

Ces efforts ciblés devraient être présents à l’esprit alors que l’administration se prépare pour le Sommet pour la démocratie et poursuit ses efforts d’équilibrage en Asie. Le Sommet pour la démocratie est passé de la pièce maîtresse de la stratégie démocratique à un simple élément ; il semble le plus susceptible d’y contribuer utilement s’il peut se prêter à une mobilisation autour du système multilatéral. Mais le test décisif pour la stratégie démocratique dans son ensemble se situera dans les deux autres domaines : lutter contre l’ingérence politique et restreindre les efforts croissants de la Chine pour faire plier l’ordre international à ses intérêts. Et pour gagner du terrain sur ces deux questions, l’administration devra aller plus loin qu’elle ne l’a fait en revenant d’une position « Acheter l’Amérique » à une position plus véritablement axée sur les efforts conjoints des États-Unis, de leurs principaux alliés et de leurs partenaires putatifs (comme l’Inde, vitalement) pour refaire les chaînes d’approvisionnement mondiales dans des domaines critiques – une approche « d’alliances agiles ».

La source: www.brookings.edu

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