Alors que le président français Emmanuel Macron poursuit sa bataille de plusieurs mois pour faire passer l’âge de la retraite des travailleurs de 62 à 64 ans, son gouvernement mène la guerre sur un autre front, à quelque 8 000 kilomètres de là sur l’île de Mayotte.

Située entre le Mozambique et Madagascar dans l’océan Indien, Mayotte fait partie de l’archipel des Comores. Mais officiellement, il fait partie de la France. L’héritage colonial du capitalisme signifie parfois que vous pouvez être à deux endroits à la fois.

Tombée sous la domination coloniale française dans les années 1800, lors de la « ruée vers l’Afrique » des puissances européennes, Mayotte est depuis lors liée au pays. Un référendum contesté en 1974 a accordé l’indépendance aux Comores, mais Mayotte est restée un territoire français. En 2011, il a été incorporé en tant que 101e département du pays.

Aujourd’hui, le taux de chômage parmi les 310 000 habitants de l’île est de 70 %. Plus des trois quarts de la population vivent en dessous du seuil de pauvreté de 1 100 euros par mois, selon l’office national des statistiques.

Pourtant, des milliers de migrants arrivent chaque année à Mayotte depuis les Comores voisines, où la situation est encore pire. Les Comoriens représentent désormais près de la moitié de la population de Mayotte ; beaucoup sont sans papiers.

Cet état de crise sociale permanente et de dislocation a été un terreau fertile pour l’extrême droite – le Rassemblement national fasciste de Marine Le Pen a remporté une solide victoire à Mayotte au second tour des élections présidentielles de 2022.

L’ignoble position anti-immigration de Le Pen lui a valu une large audience dans le département majoritairement musulman. Mais c’est le ministre de l’Intérieur de Macron, Gérald Darmanin, qui s’apprête à déchaîner la violence. Le mois dernier, il a annoncé l’envoi de 1 800 policiers et gendarmes à Mayotte – dont des membres de la tristement célèbre escouade anti-émeute du Corps de sécurité républicain – dans le cadre de l’opération Wuambushu (“recapture” en langue locale Shimaore).

Leur mission – déguisée en campagne de maintien de l’ordre contre les « gangs criminels » – est d’expulser des milliers de migrants de l’île et de raser les bidonvilles dans lesquels ils vivent.

Les politiciens locaux font leur part pour attiser la frénésie anti-migrants. Salime Mdéré, le vice-président du conseil d’administration de l’île, a provoqué un petit scandale en lançant une tirade contre les jeunes migrants à la télévision locale, suggérant qu’il pourrait être nécessaire d’en « tuer » pour l’opération Wuambushu pour être une réussite.

Mdéré a peut-être été le seul à le dire à haute voix, mais le mépris du gouvernement français pour la vie humaine est clair comme le jour.

La lutte contre le racisme anti-migrants est indissociable des questions de classe sociale. Chaque attaque réussie contre les droits des groupes opprimés renforce la main de la classe dirigeante contre la classe ouvrière.

Le lien ne pourrait pas être plus clair lorsque les mêmes voyous de la police déployés contre les grévistes français terrorisent désormais les bidonvilles de Mayotte.

Source: https://redflag.org.au/article/french-governments-war-poor-abroad

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