Dans la dernière phase de la bataille apparemment sans fin de la Bosnie sur les compétences, les membres de l’Assemblée nationale de la Republika Srpska à Banja Luka ont voté le 10 février en faveur de la création d’un conseil supérieur de la magistrature et du ministère public distinct qui ne serait pas responsable devant le gouvernement central en Sarajevo. Le projet n’est pas définitif pour le moment, car il est maintenant entré dans un processus de discussion publique de 60 jours, après quoi les députés de la Republika Srpska doivent à nouveau discuter et approuver la version finale.

Dans sa forme actuelle, le projet de loi stipule que le conseil proposé pourra élire des juges et des procureurs au sein de la Republika Srpska, ainsi que déterminer leurs pouvoirs et compétences.

Conflit direct avec les accords de paix de Dayton

Ce document séparatiste met le nouveau projet en conflit direct avec les règles existantes découlant des accords de Dayton de 1995. Actuellement, le Conseil supérieur de la magistrature et des procureurs de Bosnie-Herzégovine – formé en 2004 après avoir été approuvé par les gouvernements des deux entités du pays – est chargé d’élire les juges et les procureurs dans tout le pays.

Les lecteurs se souviendront que les accords de Dayton de 1995 ont établi la structure politique actuelle du pays. La Bosnie-Herzégovine se compose de deux entités – la Republika Srpska (République serbe) et la Fédération bosniaque-croate – et maintient un gouvernement central qui relie les deux dans un État fragile, presque constamment contesté par les séparatistes.

La dernière action en date est une autre étape dans les démarches des partis au pouvoir en Republika Srpska pour transférer le pouvoir du niveau de l’État au niveau des entités. Dans le cadre des accords de Dayton, les changements de ce type nécessitent l’approbation des États membres du comité directeur du Conseil de mise en œuvre de la paix (PIC) sous l’égide du Bureau du Haut Représentant, ce qui est considéré comme essentiellement impossible.

Néanmoins, Milorad Dodik, le représentant des Serbes de Bosnie à la présidence tripartite bosniaque, semble déterminé à pousser le plus loin possible la question des compétences. Les tensions ont fortement augmenté ces derniers mois à cause d’une série de mesures de Dodik considérées comme sécessionnistes et incendiaires par la communauté internationale.

Sanctions – réelles ou en cours de planification

Alors que l’UE a ouvertement averti Dodik de sanctions début janvier, Washington a en fait imposé des sanctions directes à Dodik le 5 janvier pour corruption et menace pour la stabilité et l’intégrité territoriale de la Bosnie.

Selon Reuters, l’UE a préparé un document préliminaire pour une discussion prévue le 21 février concernant la situation en Bosnie, exposant d’éventuelles options de sanctions. Parmi les éléments à l’étude figurent les interdictions de voyager, ainsi que l’aide de l’UE et le gel des avoirs financiers personnels.

Le débat interne s’intensifie clairement. L’Allemagne a déjà appelé à des sanctions contre Dodik, mais la Hongrie a fait valoir que de telles mesures pourraient être contre-productives puisque Bruxelles espère éventuellement faire entrer la Bosnie et cinq autres pays des Balkans dans le bloc.

Enfin, le Parlement européen a adopté le 17 février un amendement appelant à des sanctions contre le membre de la présidence bosniaque (serbe) Dodik. Fortement soutenu par le PPE, le vote a été adopté avec 504 députés votant oui, 93 députés contre et 72 abstentions.

La source: www.neweurope.eu

Cette publication vous a-t-elle été utile ?

Cliquez sur une étoile pour la noter !

Note moyenne 0 / 5. Décompte des voix : 0

Aucun vote pour l'instant ! Soyez le premier à noter ce post.



Laisser un commentaire