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Israël a décrit la Palestine d’avant 1948 comme un désert vide et aride, et a suggéré qu’après la création de l’État d’Israël, ce désert aride est devenu une oasis fleurie. Pour Israël et ses partisans, ce qui entoure cette oasis est un Moyen-Orient redoutable, dégradé et aride, qui sombre dans le primitivisme et l’arriération. L’image verte d’Israël, qui contraste avec un Moyen-Orient sauvage et antidémocratique, a été au cœur de ses efforts pour écologiser sa structure coloniale de peuplement et d’apartheid. Israël utilise son expertise dans les domaines de l’agro-industrie, du boisement, des solutions liées à l’eau et de la technologie des énergies renouvelables comme éléments constitutifs de ses efforts et de son discours d’écoblanchiment à l’échelle mondiale.

L’affirmation de la supériorité environnementale d’Israël sur le reste du Moyen-Orient (et l’Afrique du Nord) a été renforcée après la signature des accords d’Abraham avec les Émirats arabes unis (EAU), Bahreïn, le Maroc et le Soudan en 2020. Les accords d’Abraham sont un accord de normalisation négocié par les États-Unis qui vise également à renforcer les relations de normalisation (déjà existantes) avec d’autres pays arabes qui ne font pas officiellement partie de l’accord, y compris ceux qui n’ont pas encore officialisé leurs relations de longue date avec Israël, comme l’Arabie saoudite et Oman et ceux qui l’ont fait, comme l’Égypte et la Jordanie. La coalition de ces États arabes formée sous l’égide des Accords d’Abraham s’est engagée à accroître leur collaboration avec Israël sur les questions liées à la sécurité, à l’économie, à la santé, à la culture et à l’environnement, entre autres. Au cours des deux dernières années, dans le cadre de cet accord, Israël et ces États arabes en voie de normalisation ont signé un certain nombre de mémorandums d’accord (MoU) pour mettre en œuvre conjointement des projets environnementaux concernant les énergies renouvelables, l’agro-industrie et l’eau.

Le Comité national palestinien de boycott, désinvestissement et sanctions (BNC), qui œuvre pour mettre fin à la complicité internationale avec l’oppression israélienne, définit la normalisation comme « la participation à tout projet, initiative ou activité, locale ou internationale, qui rassemble (sur la même plateforme) Palestiniens (et/ou Arabes) et Israéliens (individus et institutions).

Le BNC précise que les espaces de normalisation ne remplissent pas les conditions fixées par le BNC concernant le droit des Palestiniens à l’autodétermination, le démantèlement du système d’oppression à trois niveaux d’Israël (colonialisme de peuplement, apartheid et occupation militaire) et le droit des réfugiés palestiniens. de retourner dans leurs foyers, comme le prévoit la résolution 194 des Nations Unies. Israël utilise la normalisation pour naturaliser son colonialisme de peuplement de l’apartheid. Dans cette optique, le groupe de réflexion palestinien Al-Shabaka observe que les projets de collaboration dits respectueux de l’environnement entre Israël et les États arabes constituent une forme d’éconormalisation. L’éconormalisation est l’utilisation de « l’environnementalisme » pour blanchir et normaliser l’oppression israélienne et les injustices environnementales qui en résultent dans la région arabe et au-delà.



La source: jacobin.com

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