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Premièrement, je vais répondre à la question nationale. D’une manière générale, on constate qu’une partie de l’establishment économique est tentée de jouer la carte de l’extrême droite pour diviser et conquérir la classe ouvrière. Il s’agit d’une démarche classique en temps de crise économique, en particulier en divisant les travailleurs immigrés et non immigrés.

Pour rappeler notre jacobin-des camarades lecteurs qui ne suivent pas l’actualité belge : il y a ici essentiellement deux communautés différentes, la flamande (région des Flandres) et la francophone (Wallonie), plus une troisième région, Bruxelles. Tous les partis traditionnels sont divisés en partis autonomes selon des lignes communales, mais pas le PTB, qui rassemble des camarades flamands, bruxellois et wallons en un seul parti.

Donc 2024 présente évidemment un problème important. Il y a un risque que si l’extrême droite nationaliste se développe en Flandre, cela puisse conduire à une scission dans notre pays. Ce serait un pas en arrière dans la formation d’une conscience ouvrière unie. Il n’est pas toujours facile de s’organiser à travers différentes réalités régionales. Mais nous voulons le socialisme dans toute la Belgique et dans toute l’Europe.

La Wallonie a une histoire ouvrière, plutôt socialiste. L’histoire de la Flandre est d’abord plutôt agricole. Je dis d’abord parce qu’aujourd’hui la plus grande partie de la classe ouvrière est en Flandre. Mais nous ne sommes pas des marxistes mécaniques, et nous savons que la conscience ne jaillit pas toujours automatiquement de la base économique ; parfois, il faut d’abord un peu de travail politique.

En termes d’alliés pour le maintien de l’unité du pays, il y a le mouvement syndical, et puis aussi d’autres partis comme les Verts qui sont également sensibles à ce problème et avec lesquels on peut trouver des points de convergence pour tenter d’éviter la division des le pays.

La deuxième question — peut-être liée, mais pas exactement la même — est la question stratégique de la participation de la gauche radicale au gouvernement national. Nous avons deux expériences de participation de collectivités locales dans la commune de Zelzate (avec les sociaux-démocrates) et dans le quartier anversois de Borgerhout (avec les Verts et les sociaux-démocrates), dont nous tirons un bilan positif de notre capacité à gagner des mairies et à mettre en œuvre la gauche -les politiques de l’aile à ce niveau. Et nous apprenons beaucoup de la gauche marxiste en Europe à la fois historiquement et aujourd’hui à ce sujet. Le problème, c’est qu’en Belgique, il faut former des coalitions, et cela implique souvent que les partis traditionnels contrecarrent la politique que vous voudriez mettre en œuvre.

Quant au niveau national, je pense que cela pose une vraie question stratégique : où se situe le pouvoir macroéconomique dans les États-nations capitalistes européens ? Cela fait maintenant huit ans que je siège au Parlement et j’y ai vu beaucoup de choses. Mais une chose que je n’ai pas trouvée au parlement, c’est le pouvoir. J’ai regardé sous les tables, derrière les statues, mais je ne l’ai toujours pas trouvé ! Ce n’est même pas au sein du gouvernement ou du cabinet, qui sont soumis aux puissants lobbies et aux multinationales.

La question est alors de savoir comment conquérir le pouvoir quand ce n’est pas dans les soi-disant institutions démocratiques. Syriza en avait une expérience pratique vivante : elle était au gouvernement mais n’avait pas forcément le pouvoir. La Commission européenne a fermé le système bancaire grec et ils ont dû accepter l’austérité, qu’on le veuille ou non.



La source: jacobinmag.com

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