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Certaines personnes disent que la définition de la folie consiste à répéter la même action mais à s’attendre à un résultat différent.

À l'approche du 20e anniversaire d'un coup d'État canadien et deux semaines après qu'un dirigeant illégitime ait ignoré un délai de départ qu'il s'était lui-même imposé, Ottawa a débloqué 80 millions de dollars pour financer une intervention étrangère en Haïti.

Lors de la récente réunion des ministres des Affaires étrangères du G20 au Brésil, Mélanie Joly a annoncé 80 millions de dollars pour financer une mission de police internationale en Haïti. Cet argent s'ajoute aux 40 millions de dollars précédemment annoncés pour une mission militaire quasi-ONU. Dans un communiqué, Joly a affirmé que le financement par le Canada de la force dirigée par le Kenya et organisée par Washington était une « solution haïtienne » aux troubles du pays. « Le Canada croit aux solutions dirigées par les Haïtiens aux crises politiques, sécuritaires et humanitaires et demeure déterminé à travailler avec le Kenya et d'autres partenaires internationaux pour soutenir le déploiement réussi de la mission multinationale de soutien à la sécurité », a-t-elle déclaré.

L'annonce du Canada intervient deux semaines après que le Premier ministre Ariel Henry a ignoré la date du 7 février qu'il avait précédemment annoncée pour son départ après près de trois ans de régime anticonstitutionnel. Sélectionné par le Core Group dominé par les États-Unis et le Canada, Henry a peu de légitimité constitutionnelle ou populaire. Maintenant, il ignore la date qu’il s’est imposée pour partir.

Apparemment axée sur la sécurité, la mission du Kenya vise au moins autant à protéger Henry et l’ordre antidémocratique dont dépendent les puissances étrangères.

En Haïti, l'histoire se répète, la première fois en tragédie, la deuxième fois en farce.

Henry était membre du « Conseil des Sages », créé par l'étranger, qui a nommé le Premier ministre après que les États-Unis, la France et le Canada ont évincé le président élu Jean-Bertrand Aristide il y a 20 ans cette semaine. Après une campagne de plusieurs années soutenue par l'étranger pour déstabiliser son gouvernement, les Marines américains ont forcé Aristide à monter dans un avion au milieu de la nuit du 29 février 2004 et l'ont déposé à 8 000 km de là, en République centrafricaine. Lorsqu’Aristide a été expulsé, a rapporté l’American Forces Press Service, « une équipe de [Canadian] Les commandos de la FOI2… ont sécurisé l’aéroport international ».

Treize mois plus tôt, le gouvernement canadien avait réuni de hauts responsables américains, français et de l'OEA pour une réunion privée de deux jours afin de discuter de l'avenir d'Haïti. Aucun responsable haïtien n'a été invité à la conférence « Initiative d'Ottawa sur Haïti » où ils auraient discuté de l'éviction du président élu et de la mise sous tutelle de l'ONU. Le rôle d'Ottawa dans le renversement du gouvernement le plus populaire d'Haïti est l'avant-dernier cas de 20 coups d'État détaillés dans mon rapport et celui d'Owen Schalk qui viennent d'être publiés. Le long combat du Canada contre la démocratie.

Le coup d’État a conduit à une occupation militaire étrangère d’une durée d’une décennie et demie. La mission désastreuse de l'ONU, qui a introduit le choléra dans le pays, a rendu difficile la mobilisation d'un soutien dans l'hémisphère pour une autre mission en Haïti. Washington voulait que le Canada dirige la force étrangère, mais l'armée canadienne s'y opposait. Ottawa a pressé d'autres pays de l'hémisphère de se joindre à lui, avec un succès limité. En fin de compte, Washington a été contraint de chercher plus loin pour trouver un pays pour diriger une mission approuvée par l’ONU mais non financée par l’organisation internationale.

Même si aucun pays de la CARICOM n'était disposé à diriger la mission, le Canada a poussé les pays des Caraïbes à y participer. Les troupes canadiennes entraînent actuellement des soldats des Bahamas pour se rendre en Haïti. Lors du sommet de la CARICOM de cette semaine, le ministre du Développement international, Ahmed Hussen, a encouragé la participation à la mission. Hussen a dit : «du Canada l’engagement à promouvoir la sécurité, la stabilité et le développement en Haïti reste ferme. Aujourd’hui, aux côtés des dirigeants de la CARICOM, nous avons discuté de la manière dont nous continuerons à être là pour les Haïtiens. » En Guyane, Hussen a également rencontré en privé l'ambassadrice américaine auprès de l'ONU, Linda Thomas-Greenfield. Elle a dit que la réunion avait pour but «discuter notre engagement mutuel à faire progresser la paix et la sécurité en Haïti.

Dimanche, des centaines de personnes ont marché vers l'ambassade du Canada à Port-au-Prince. Dénonçant la promotion par le Canada d'une nouvelle intervention étrangère, certains manifestants ont brûlé des pneus. Un homme a déclaré que «Canadales États-Unis et la France empêchent le développement d'Haïti.»

Plus les choses changent, plus elles restent les mêmes.

Source: https://www.counterpunch.org/2024/03/15/once-again-canada-tries-to-run-haiti-for-us/

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