Photographie de Nathaniel St. Clair

Le 24 juin, la Cour suprême des États-Unis a rendu sa décision dans l’affaire Dobbs c. Jackson Women’s Health Organization. Comme on pouvait s’y attendre (en raison d’une fuite du projet d’avis du juge associé Samuel Alito début mai), la décision annule des décennies de précédent établi dans Roe v. Wade (1973) et Casey v. Planned Parenthood (1992), laissant largement la question de savoir si (et si oui, comment) l’avortement peut être réglementé par les législatures des États.

Mon avertissement habituel : cette chronique ne traite pas de l’avortement. Je ne vais pas essayer de vous dire que c’est bien ou mal, ou que cela devrait être légal ou illégal. Vous avez probablement des opinions là-dessus. Ils ne changeront probablement pas. Je ne vais pas essayer de les changer.

Je m’intéresse moins à l’avortement lui-même qu’à la qualité des arguments à son sujet. Et je vois un argument vraiment idiot avancé par les partisans de la décision Dobbs. Appelons-le « l’argument de la décentralisation ».

Constitutionnellement, cet argument prend souvent la forme de revendications de « droits des États », ce qui est en soi une appellation impropre. Constitutionnellement, les États n’ont pas de « droits », ils ont des pouvoirs. Voir, par exemple, le dixième amendement :

« Les pouvoirs non délégués aux États-Unis par la Constitution, ni interdits par elle aux États, sont respectivement réservés aux États ou au peuple. »

La plupart des défenseurs des « droits des États » ignorent ces quatre derniers mots, affirmant que tout est valable pour les législatures des États où un pouvoir fédéral n’est pas énuméré ailleurs dans la Constitution.

Un sous-ensemble spécifique de ceux qui favorisent la position des « droits des États » attribuent également une bonté générale à la « décentralisation » en tant que telle, plutôt qu’au simple « fédéralisme » (qui traite réellement les législatures des États comme le niveau de pouvoir « le plus bas »).

La décentralisation est la notion selon laquelle les décisions doivent être prises au niveau de gouvernement « le plus bas » possible. Ne laissez pas le Congrès décider si une législature d’État peut décider ; ne laissez pas une législature d’état décider si une commission de comté peut décider ; ne laissez pas une commission de comté décider si un conseil municipal peut décider ; ne laissez pas un conseil municipal décider si des individus peuvent décider.

J’aime beaucoup la décentralisation moi-même. Mais l’arrêt Dobbs est exactement le contraire de la décentralisation.

Selon Roe, les décisions concernant l’avortement étaient largement décentralisées au niveau le plus bas possible, celui du choix individuel. Être d’accord avec la logique de la décision ou non, c’était son effet.

Selon Dobbs, ces décisions sont désormais largement centralisées entre les mains des législatures des États.

Il est raisonnable d’affirmer que l’avortement est bien ou mal, un choix ou un crime, etc., et qu’il devrait être abordé à tel ou tel niveau de gouvernement.

Il est déraisonnable de prétendre qu’une centralisation massive du pouvoir est une décentralisation du pouvoir.

Quoi que Dobbs puisse être d’autre, il s’agit incontestablement d’un « plus grand gouvernement », et non d’un « petit gouvernement », au pouvoir.

Source: https://www.counterpunch.org/2022/06/28/abortion-no-dobbs-isnt-decentralization/

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