Cela fait partie de l’attaque néolibérale en cours contre les syndicats et la classe ouvrière. Le rôle joué par l’UGTT dépend notamment du contexte. Les observateurs la tournent parfois en dérision comme une structure bureaucratique entachée de corruption. Parfois, ils le présentent comme un acteur sociopolitique majeur et en font l’éloge. Il a même été nominé pour le prix Nobel de la paix pour son rôle actif dans l’établissement d’un dialogue national – un dialogue qui, soit dit en passant, a conduit à un gouvernement technocratique qui a poursuivi les négociations avec le FMI.

Mais aujourd’hui, le syndicat le plus puissant de Tunisie s’attire la colère des institutions financières internationales en raison de sa résistance à la mise en œuvre des conditions restantes du FMI : réduire les salaires des employés du secteur public, privatiser les entreprises publiques et supprimer complètement les subventions sur le carburant et la nourriture.

Il y a une énorme pression sur le gouvernement tunisien de la part du FMI et des agences de notation de crédit pour qu’il signe un accord avec l’UGTT pour faire adopter ces « réformes ». Les attaques contre l’UGTT alimentent un débat qui porte sur la masse salariale du secteur public. Mais ce débat obscurcit en fait la réalité. Le vrai problème résulte d’une autre condition du FMI : l’adoption de la loi sur l’indépendance de la banque centrale en 2016. La dévaluation de la monnaie qui en a résulté a directement entraîné la diminution du pouvoir d’achat des travailleurs.

On entend beaucoup d’accusations contre l’UGTT et des commentaires sur la masse salariale qui explose. Mais pour comprendre cet assaut sur les salaires, il faut regarder la position de la Tunisie dans la division internationale du travail. Que vend la Tunisie au monde et à quel prix ?

Nous nous sommes spécialisés pendant la période de libéralisation dans la vente de moutons, d’huile d’olive en vrac, de composants industriels assemblés à faible valeur ajoutée et de tourisme. Ce développement économique reposait sur une main-d’œuvre féminine à bas coût, et un nivellement par le bas en termes de conditions de travail. Pendant des décennies en Tunisie, être fonctionnaire a été un filet de sécurité, un « clou dans le mur » selon l’expression populaire. Il garantissait l’accès aux prêts bancaires à la consommation pour acheter une voiture ou peut-être construire une maison. Aujourd’hui, ce n’est plus possible. Des centaines de milliers de personnes instruites comme des médecins et des professeurs sont au chômage. Des régions entières sont complètement abandonnées. Il y a très peu d’opportunités d’emploi ouvertes aux jeunes. Nous nous retrouvons sans filet de sécurité sociale de base.

Ces propositions prétendument scientifiques et neutres du FMI auront des conséquences : la poursuite de la dégradation du secteur public en matière de santé et d’éducation. Pendant la crise du COVID, la Tunisie a beaucoup souffert de la détérioration du secteur de la santé publique — une poursuite de la privatisation sera lucrative pour les investisseurs étrangers mais désastreuse pour les Tunisiens. Ils ciblent actuellement l’eau, l’électricité et les transports – qui sont toujours des entreprises publiques – afin de drainer les excédents vers le centre capitaliste. C’est dans le contexte de leurs attaques contre l’UGTT, qui défend à juste titre ses électeurs du secteur public et privé contre cet assaut sur les salaires.



La source: jacobinmag.com

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