FAIRE

Disons simplement que depuis 2017, nous avons remarqué que vous n’obtenez pas de crédibilité simplement en additionnant les noms des partis. On a subi les conséquences de la libéralisation sociale, de la présidence de François Hollande [2012–17] et même Macron prétendant être en quelque sorte de gauche, ce qui détruit la crédibilité du mot. Ces postures n’ont plus rien à voir avec la réalité de la lutte des classes.

Nous avons toujours dit que l’unité ne vient pas d’en haut mais doit être construite à partir de la base. Nous avons lancé la campagne très tôt en demandant aux gens d’être d’accord non pas avec les labels mais avec le programme. Dans la dynamique que nous avons construite, c’est loin d’être secondaire, car le programme est l’expression de luttes. Nous l’avons construit à partir des auditions que nous avons tenues et du travail parlementaire que nous avons fait, mais c’est un programme qui répond directement aux revendications des mouvements sociaux.

En lien avec cela, je pense que la deuxième dimension était notre stratégie Union Populaire [a “parliament” of supporters largely drawn from social movements], englobant tous les interlocuteurs que nous avons eus ces cinq dernières années. De plus, nous avons l’expérience de cinq ans d’un groupe parlementaire qui a démontré qu’il valait la peine d’avoir des élus. Donc il y a beaucoup de monde : des syndicalistes, des gens en lutte, des personnalités comme l’ancienne présidente d’Attac Aurélie Trouvé, qui a vu ce qu’on était capable de faire et qui nous a rejoints à l’Union Populaire.

Vous avez mentionné la soi-disant primaire populaire. Il a suggéré de retirer quelqu’un du chapeau deux ou trois mois avant l’élection en se basant uniquement sur la personnalité – une approche superficielle. Mais nous avions déjà l’expérience de 2012 et 2017 et avons pu déployer l’organisation que France Insoumise a développée, avec notre porte-à-porte, notre intelligence collective, et le crédit que nous avons construit.

A cela s’ajoute, et ce n’est pas un détail, l’attrait propre de notre candidat, même s’il n’était pas le plus populaire d’une certaine gauche esthétique. Le fait qu’il se soit exprimé pendant cinq ans sur des questions clés — notamment dans la lutte contre l’islamophobie et le racisme — apporte aussi une légitimité au-delà des cercles de la gauche traditionnelle, auprès des classes populaires et des victimes de telles discriminations.

A chaque fois qu’il y a eu des attentats contre la France Insoumise, et notamment contre Jean-Luc Mélenchon, à chaque fois c’était perçu de façon très façonnée par des critères de classe. Par exemple, l’incident du raid dans nos locaux a continué à nous peser lourdement, mais neuf fois sur dix les personnes les plus choquées négativement étaient les classes moyennes, les bourgeois, les intellectuels, etc.

Notre stratégie dans cette campagne était de ne répondre à aucune des attaques et de rester au-dessus de la mêlée. Je pense que cela a contribué à notre crédibilité et a incité les gens à se concentrer sur le message et le contenu de l’émission. Nous avons mobilisé une bonne partie des abstentionnistes habituels, mais pas tous.



La source: jacobinmag.com

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