Banque des règlements internationaux, Bâle. Photo de Jim McDougall via flickr.com. Licence : Creative Commons

Avec le projet Agora, la Banque des règlements internationaux (BRI) souhaite travailler avec plusieurs banques centrales pour explorer la manière dont les dépôts bancaires tokenisés s'intègrent dans le système financier du futur.

La Banque des règlements internationaux (BRI), la banque centrale des banques centrales, pour ainsi dire, veut inaugurer la « tokenisation » de l'argent et d'autres instruments financiers sur un « livre de comptes unifié » (« grand livre ») à l'échelle mondiale avec le « Projet Agora ». Mais à première vue, on ne sait pas très bien ce que la BRI compte faire et surtout comment.

Premièrement, la BRI profite de sa position centrale dans le système bancaire mondial. Il rassemble sept autres banques centrales – de France, du Japon, de Corée, du Mexique, de Suisse, d’Angleterre et de la Réserve fédérale américaine – ainsi qu’« un grand groupe de sociétés financières privées ». Il est intéressant de noter que dans ce groupe, la Banque de France représente l'Eurosystème au lieu de la Banque centrale européenne.

Le projet Agora vise à « explorer comment les dépôts tokenisés des banques commerciales peuvent être intégrés de manière transparente à la monnaie tokenisée de la banque centrale de gros sur une plate-forme centrale publique-privée programmable ». Les contrats intelligents peuvent « permettre de nouvelles façons de régler les paiements et ouvrir la voie à des types de transactions qui ne sont pas pratiques aujourd’hui. » L’objectif est de « surmonter diverses inefficacités structurelles qui sont courantes dans les transactions de paiement aujourd’hui, en particulier dans les transactions transfrontalières ».

Techniquement, la BRI s'appuie sur le «livre de comptes uniforme», un concept que l'institution financière a présenté de manière relativement détaillée l'automne dernier. La BRI reconnaît que la tokenisation est une « technologie clé » – à savoir « la représentation numérique des créances sur une plateforme programmable. » Elle considère cela comme « la prochaine étape logique dans la comptabilité numérique et le transfert d’actifs. » La tokenisation pourrait « améliorer considérablement les capacités de le système monétaire et financier » en « supprimant la séparation traditionnelle entre le message, la négociation et le règlement » et en permettant de nouveaux « types d’arrangements économiques ».

Alors que la crypto et la DeFi (finance décentralisée) ont « donné un aperçu de la promesse de la tokenisation », déclare magnanimement la BRI, « la crypto est un système défectueux qui ne peut pas assumer le rôle de monnaie future. » Même les pièces stables ne le peuvent pas, comment « l’implosion » et « l’effondrement » des émissions de crypto-monnaie, quelle que soit la manière dont la BRI le propose. Quoi qu’il en soit, les banques centrales et la monnaie qu’elles émettent sont nécessaires. La crypto a fait du bon travail en explorant le potentiel technique, mais elle peut désormais disparaître.

Pour « libérer le potentiel de la tokenisation », les monnaies numériques des banques centrales (CBDC), les dépôts tokenisés et les créances tokenisées sur d'autres actifs doivent fusionner dans une nouvelle « infrastructure de marché financier ». Il devrait s’agir d’un « grand livre unifié » pour éviter que le système financier du futur ne se divise à nouveau en silos. Cela ne veut pas dire qu’il n’existe qu’un seul livre de comptes. Au contraire, différents registres pourraient coexister. Mais il devrait y avoir une plateforme qui les connecte.

Donc, dans un sens, la BRI veut copier Ethereum : une chaîne, et des rollups et des sidechains autour d'elle. Mais ni le communiqué de presse ni le concept de « grand livre unifié » ne révèlent si la BRI envisage techniquement de former une blockchain ou si elle souhaite développer son propre produit – ou l’a déjà développé.

Cependant, nous trouvons un indice utile selon lequel la Banque de France est impliquée à la place de la BCE et qu'elle tente de relier les dépôts bancaires tokenisés à une « CBDC de gros ». Ce mot a été entendu à plusieurs reprises ces derniers mois, notamment lorsque la ville suisse de Saint-Gall a émis une obligation tokenisée de 100 millions de francs compensée par la « CBDC de gros ».

Cette CBDC de gros ne fonctionne pas sur une blockchain ouverte ni sur un fork privatisé et fermé de celle-ci. Au lieu de cela, il s'appuie sur Corda de R3, une base de données de type blockchain construite de manière plausible, techniquement adaptée à la finance mais fonctionnant sur des nœuds privés et verrouillés. La Banque nationale française a déjà acquis une expérience en la matière en réalisant un « swap atomique » entre l'euro et le franc avec la Banque nationale suisse et la BRI.

Cela montre de plus en plus clairement quelle est la réponse du système financier établi à la cryptographie. Ce n’est pas aussi grave que cela aurait pu l’être – mais, en réalité, ce n’est pas un concurrent sérieux à ce qui se passe dans l’écosystème crypto.

Source:https://bitcoinblog.de/2024/04/10/zentralbank-der-zentralbanken-testet-tokenisierte-bankeinlagen/

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