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Non. Le monde a besoin d’une structure de sécurité collective. Mais l’actuel laisse beaucoup à désirer. Et à part armer les Ukrainiens, les États-Unis n’utilisent de toute façon pas la force militaire face à l’acte d’agression le plus flagrant de mémoire récente. Pendant ce temps, le manque de retenue qui a été conçu dans nos arrangements signifie que – tout comme la Russie – les États-Unis peuvent s’en tirer avec beaucoup d’actes régressifs et impies simplement en raison de leur domination militaire et géopolitique.
La litanie est longue, et va au-delà de ses propres guerres de choix. Et pourtant, le défaut demeure que, dans le discours dominant, l’action des États-Unis qui empire régulièrement le monde est «normale», tandis que l’inaction est anormale et, pour beaucoup, impardonnable. Non seulement les interventions afghanes et irakiennes en particulier, mais la vaste « guerre contre le terrorisme » en général, ont manifestement exacerbé les maux qu’elles visaient à contrer ou à contrecarrer. J’ai grandi sur les condamnations de « rester les bras croisés », et à chaque crise dans laquelle les présidents tracent des limites – la Syrie sous Barack Obama ou l’Ukraine sous Biden – il y a des appels à des interventions plus fortes, des allusions à la passivité de l’époque de l’Holocauste et des suggestions que la crédibilité américaine dans un monde dangereux expirera si plus de bombes ne sont pas larguées. Parallèlement à ce militarisme par défaut, enfin, le pays supervise également un commerce mondial des armes et des armes et finance des guerres par procuration.
Aucune de ces critiques n’est nouvelle. La principale question est de savoir s’ils justifient une recherche créative d’une alternative à la suprématie armée – avec ses coûts énormes pour l’Amérique aussi – dont le pays jouit depuis les années 1940. Dans toute considération de cette question, pour le moment, ce n’est pas tout ou rien, en partie parce que la militarisation américaine du monde est si coûteuse et vaste, sans parler de l’augmentation quotidienne.
Réduire l’interventionnisme américain est une expérience à tenter même pendant que les tentatives créatives d’envisager des arrangements de sécurité alternatifs se poursuivent. Et dans tous les cas, un monde multipolaire est en train de naître, quelles que soient les politiques américaines choisies. Autant profiter de la prévoyance en cherchant une alternative à l’unipolarité dans des conditions meilleures plutôt que pires pour le monde.
La source: jacobinmag.com