Au moins quatre canots ont atteint le rivage de Dungeness dans le Kent dimanche, transportant des dizaines de personnes désespérées d’atteindre la Grande-Bretagne avant que l’aggravation des conditions hivernales ne rende la traversée impossible. Ce dernier groupe d’arrivées viendra s’ajouter au 24 700 migrants qui ont déjà traversé la Manche en petits bateaux cette année, triplent les 8.404 arrivés en 2020.

“Il y en aura d’autres en route”, a déclaré un témoin oculaire a déclaré au Sunday Times. “C’est des conditions absolument calmes et le temps devient plus instable la semaine prochaine, donc je m’attends à ce qu’ils sachent qu’ils doivent tirer le meilleur parti de cette dernière fenêtre météo.”

Fuyant le désespoir chez eux, de nombreux migrants qui entreprennent ce voyage incertain sont originaires de pays en proie à des conflits, tels que Yémen, Érythrée et Soudan. Mais alors que la volatilité continue de dominer le climat politique de la Libye, une nouvelle vague de migrants pourrait bientôt arriver.

Cette crainte est exacerbée par les informations selon lesquelles le Premier ministre libyen en exercice, Abdul Hamid Dbeibeh, a posé sa candidature à la présidence. Sa candidature a été remise en question par une série d’allégations selon lesquelles il serait mêlé à des pratiques de corruption, au blanchiment d’argent et au financement d’islamistes idéologiques.

L’une des allégations les plus choquantes, révélée par un récent Enquête de l’ONU, c’est que Dbeibeh a pris le pouvoir après que ses partisans eurent offert des pots-de-vin pouvant atteindre 200 000 $ pour attirer des voix au cours du processus du forum de dialogue de l’ONU. Les autres candidats aux prochaines élections le Le 24 décembre offre à la Libye peu de perspectives de stabilité politique non plus.

« La Libye est censée se diriger vers une nouvelle phase démocratique, où le peuple peut choisir un président, une transition très importante après 10 ans de fragmentation », a déclaré Abdelkader Assad, le rédacteur en chef de The Libya Observer et de Libya Alahrar English. « Pourtant, la liste des candidats comprend d’anciens ministres et fonctionnaires, certains criminels de guerre… et certaines personnes motivées par l’agenda étranger. »

Abdul Hamid Dbeibeh

Définir pour figurer sur le bulletin de vote est Général Khalifa Haftar, une figure de proue de l’est du pays qui a été accusée de crimes de guerre et a lancé un assaut d’un an contre Tripoli, le rendant presque impossible à accepter pour ceux de l’ouest du pays.

Les autres candidats incluent Saif al-Islam Kadhafi, le fils de l’ancien dictateur du pays, Mouammar Kadhafi. Saif, qui a passé la dernière décennie hors de vue du public depuis sa capture en 2011 par des combattants à Zintan, fait actuellement l’objet d’un mandat d’arrêt de la CPI pour crimes contre l’humanité.

Les candidats ne sont pas les seuls problèmes qui affligent les prochaines élections libyennes. En effet, les questions abondent quant à savoir si les autorités libyennes peuvent organiser des élections libres et équitables. Ceci suit préoccupations sur les lois restrictives de la Libye qui portent atteinte à la liberté d’expression et d’association, ainsi que sur la présence de groupes armés accusés d’intimider, d’attaquer et de détenir des journalistes et des militants politiques.

Alors que des questions continuent d’entourer la légitimité des prochaines élections en décembre, les craintes grandissent qu’une plus grande instabilité se profile à l’horizon. En effet, des inquiétudes ont été exprimées selon lesquelles les élections pourraient risquer un retour à la violence et à une fragmentation supplémentaire en Libye si le pays ne parvenait pas à élire équitablement un dirigeant entièrement engagé à créer un pays inclusif construit sur un cadre institutionnel solide.

À la lumière de l’histoire récente de la Libye, il est clair que la stabilité politique et une gouvernance forte sont plus que jamais nécessaires.

En effet, depuis la chute de Kadhafi en 2011, la Libye a cédé à l’incertitude économique, à la violence des milices, à l’intervention étrangère et à une guerre civile qui a divisé le contrôle de la Libye en centres de pouvoir disparates.

Alors que les régimes tribaux et les groupes politiques rivalisaient pour combler le vide du pouvoir créé par la mort de Kadhafi, un conflit majeur a éclaté entre deux groupes: L’Armée nationale libyenne (ANL) dirigée par l’ancien général d’armée Khalifa Haftar, et le Gouvernement d’entente nationale (GNA), une initiative des Nations Unies.

D’où ce qui a été décrit par Alessia Melcangi, chercheur principal au Conseil de l’Atlantique, comme « une période de profonde instabilité et de chaos », le conflit a laissé un lourd tribut à la population civile libyenne. Les Agence des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) estime que 1,3 million de personnes ont actuellement besoin d’une aide humanitaire, avec plus de 200 000 Libyens déplacés à l’intérieur du pays.

Des migrants illégaux de Libye tentent de pénétrer dans les eaux territoriales italiennes.

La réconciliation et la réunification de la Libye n’auront pas lieu tant que les élections n’auront pas lieu comme prévu le 24 décembre. Mais beaucoup doutent sérieusement qu’elles le seront.

La Libye étant confrontée à un risque réel d’instabilité politique, l’Europe doit se préparer à une nouvelle vague de migrants libyens qui estiment n’avoir d’autre choix que de faire le dangereux voyage à travers la Méditerranée.

Pourtant, tout espoir n’est pas perdu. À près de cinq semaines des élections, un engagement accru de la communauté internationale pour garantir que les élections se déroulent dans des conditions libres et équitables contribuerait grandement à préserver l’avenir de la Libye et à prévenir la crise humanitaire imminente.

La source: www.neweurope.eu

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