La guerre est une tragédie, un crime et une défaite. Les citoyens du monde devraient condamner la décision du président russe Vladimir Poutine d’abandonner la voie de la diplomatie en attaquant et en entreprenant de soi-disant « opérations militaires spéciales » en Ukraine. Ces actions violent le droit international et alimentent une dangereuse escalade de la violence.

Nous devons exhorter toutes les parties à cesser immédiatement les hostilités, à désamorcer et à rechercher une solution diplomatique pour atténuer le risque d’une guerre à grande échelle et d’un conflit direct impensable entre les deux plus grandes puissances nucléaires du monde.

La voie de la paix et de la résolution consiste pour toutes les parties à la crise en Ukraine à rechercher une solution par des moyens diplomatiques, dans le respect du droit international et des frontières internationales. Les actions de Poutine sont indéfendables, mais la responsabilité de cette crise est largement partagée. Beaucoup ont averti à plusieurs reprises que l’extension de l’OTAN aux frontières de la Russie produirait inévitablement une réaction féroce et ont critiqué le rejet massif par l’OTAN des propositions de sécurité de la Russie, dénonçant l’arrogance qui conduit les responsables américains à affirmer qu’ils ont le droit de faire ce qu’ils veulent à travers le monde. , même dans des régions, comme l’Ukraine, qui sont beaucoup plus importantes pour les autres qu’elles ne le sont pour les États-Unis.

L’élargissement de l’OTAN a fourni le contexte de cette crise, un fait souvent ignoré par nos médias. Il y a une irrationalité et une irresponsabilité absolues à proposer une future adhésion à l’OTAN à l’Ukraine, alors que les présidents américains successifs et nos alliés de l’OTAN ont démontré qu’ils n’avaient pas la moindre intention de se battre pour défendre l’Ukraine. Au lieu de cela, la demande de Poutine que l’Ukraine reste en dehors de l’OTAN – essentiellement que le statu quo soit codifié – a été méprisée comme violant le « principe » de l’OTAN d’admettre qui elle voulait.

Un résultat immédiat a été d’encourager l’irresponsabilité parallèle en Ukraine. Le président Volodymyr Zelensky a promis aux électeurs lorsqu’il s’est présenté à la présidence ukrainienne en 2019 qu’il poursuivrait la voie de la paix et mettrait fin à la guerre dans le Donbass. Lors de son entrée en fonction, cependant, son gouvernement a refusé de mettre en œuvre les dispositions des protocoles de Minsk de 2015 – signés par la Russie, l’Ukraine, la France, l’Allemagne et l’UE – qui auraient essentiellement garanti la souveraineté et l’intégrité territoriale de l’Ukraine en échange de la neutralité ukrainienne.

Maintenant, malheureusement, les actions illégales de la Russie vont enhardir les faucons et les marchands d’armements de tous les côtés. Déjà, des stratèges de salon appellent à doubler le budget militaire américain, pour saisir « l’opportunité stratégique » de saigner Poutine en Ukraine, tout en poussant les Européens à renforcer leurs forces militaires.

Au milieu des tambours de guerre, nous ne devons pas perdre de vue l’horreur humaine qui s’ensuivra, les déplacements massifs, l’impact des sanctions non seulement sur les Russes mais aussi sur les citoyens d’Europe, des États-Unis et d’ailleurs.

Les Ukrainiens de l’Est souffrent déjà. Si la Russie occupe les républiques séparatistes, elle se retrouvera confrontée à des conflits et à des bouleversements perpétuels, alimentés par les États-Unis et l’OTAN. Et s’il tente d’occuper l’ensemble de l’Ukraine, il pourrait être confronté à une guérilla prolongée bien plus coûteuse que la débâcle soviétique en Afghanistan. Les sanctions « punitives » de l’Occident nuiront à la Russie, aux oligarques et aux Russes ordinaires, mais aussi à l’Europe, aux États-Unis et aux spectateurs de l’économie mondiale. Les prix du pétrole, qui dépassent déjà les 100 dollars le baril, en sont un signe avant-coureur. Une guerre froide ravivée et plus dangereuse ravagera les budgets nationaux ici et en Europe et sapera les ressources et l’attention nécessaires pour faire face aux pandémies, à la crise climatique et aux inégalités débilitantes.

Ce qu’il faut, ce n’est pas une ruée vers les armes et des fanfaronnades, mais un retour à d’intenses négociations – à l’ONU, à l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe et entre les signataires des protocoles de Minsk. Il est temps de reconnaître qu’il reste des options qui, si elles sont poursuivies de bonne foi, pourraient mener à une conclusion pacifique de la crise actuelle.

La crise peut et doit finalement être résolue par une déclaration de neutralité ukrainienne et le retrait des forces russes du Donbass. À cette fin, nous devons saluer la retenue dont ont fait preuve tant la France que l’Allemagne, et soutenir particulièrement les efforts du président Emmanuel Macron pour sortir de la crise.

L’OTAN ou l’OSCE pourraient utilement prendre l’initiative d’ouvrir des négociations sur la création d’une nouvelle architecture de sécurité résiliente en Europe, qui engage la Russie plutôt qu’elle ne la menace, et rassure ses voisins plutôt que de militariser les relations. Cela pourrait raisonnablement inclure la fin de l’expansion de l’OTAN et un retour aux traités sur les forces conventionnelles en Europe et sur les missiles balistiques intercontinentaux.

Le président Biden devrait reconnaître que les intérêts américains en Ukraine ne l’emporteront jamais sur ceux de la Russie ; les États-Unis et l’OTAN ne peuvent pas gagner et ne gagneront pas une guerre sur le terrain contre la Russie dans leur propre arrière-cour ; les sanctions ont peu de chances de prévaloir et pourraient en effet nuire à l’économie américaine.

Nous devrions exhorter le président Biden et son administration à encourager et, si besoin est, à faciliter le travail diplomatique difficile mais nécessaire entrepris par Paris et Berlin.

La source: www.neweurope.eu

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